C'est super bien filmé et bien monté. Alors que je ne connaissais pas grand chose d'Harrison, on comprend rapidement que le film est en train de le saisir pleinement : par le corps et par l'esprit. On saisit que le rapport à la nature, à la solitude était central chez Harrison et j'aime la façon dont l'écrivain est constamment pris (filmé) dans son environnement. Les plans resserrés ou en intérieur sont finalement peu nombreux et très justement choisis. On comprend que le poète n'existe pas sans son environnement.
C'est un peu long tout de même et la fin est moins passionnante. Pourquoi le laisser faire un cours d'histoire sur la colonisation américaine, le sort des Amérindiens et l'état inégalitaire de la société. Laissez les écrivains parler de ce qu'ils font : écrire. Laissez les hommes parler de ce qu'il font : vivre (encore plus quand ils s'approchent de la fin).
La première partie du film à ce sujet est bouleversante. Qui est cet homme ? Qu'est-ce qu'il aime, qu'est-ce qu'il fait quand il n'écrit pas ? Comment cette solitude choisie au plus près de la nature influence son écriture ? Comment l'Amérique influence son écriture ?
Je regrette qu'on ne film pas plus souvent les hommes lorsqu'il où ils arrivent au bout du voyage. Il y a une grâce évidente à voir ce corps, ce visage et cette voix se mouvoir et se déployer dans un environnement qui l'a vu grandir et qui s'apprête à le voir mourir. La boucle est bouclée en quelque sorte.