Ah la fin de Seven !
(quiconque n'aurait pas vu cet excellent thriller est invité à ne pas poursuivre sa lecture plus avant).
Car si le film est bon, à l'image de la mise en scène, de la photographie, de l'atmosphère, de la narration, du rythme, des personnages...bref tous les ingrédients d'un film réussi, que penser de la fin ?
Une bonne fin ? une fin ratée ? Décevante ? Inévitable ? Surprenante ? Ou au contraire trop prévisible ?
Résumons : Dans la dernière scène, John Doe, le meurtrier, s'attribue le pêché d'envie, avouant à Mills (Brad Pitt) "avoir désiré être à sa place" et ayant mis en œuvre ce désir en "jouant au mari" avec Tracy (la femme de David) avant de la tuer.
Conformément au scénario qu'il a lui-même construit, Doe est logiquement abattu par Mills, ivre de fureur, qui de fait commet par cet acte, le septième et ultime pêché, celui de la colère (on le serait à moins).
Cette conclusion au film est vraiment troublante et comme d'autres (à commencer par la production du film) elle m'a quelque peu contrarié.
Là où cette fin pose problème à mes yeux, ce n'est pas tant qu'on puisse considérer que la série de sept pêchés est ainsi incomplète (le pêché de colère de Mills restant soit disant impuni),mais plutôt le fait que jusqu'au bout les enquêteurs (et nous spectateurs avec) restons dans le scénario tracé par le meurtrier. Et ce de manière quasi déterministe. Doe a en effet tout planifié : le casting de ses victimes méticuleusement choisies, les morceaux de parquet dans l'estomac de la première d'entre-elles, le kidnapping du dealer un an plus tôt, ses doigts tranchés pour utiliser ses empreintes, la récupération de l'adresse de Tracy, le secret de sa grossesse...jusqu'à cette mise en scène finale autour des deux derniers pêchés.
Mise en scène, scénario, casting...tout porterait donc à croire que le metteur en scène, le réalisateur de cette histoire est John Doe lui-même et que, en quelque sorte, nous assisterions au film qu'il s'est fait.
L'idée est bonne. Mais aussi tristement fatale. Une impasse, comme il y en a tant dans cette ville.
J'aurais préféré, je crois, que ce scénario pré-écrit soit finalement déjoué, Mills renonçant à se faire justice lui-même.
Non seulement l'homme (dans le sens de la nature humaine) en serait sorti grandi - l'auto-justice du héros américain (suivez mon regard ^^) enfin battue en brèche - , et Fincher aurait ainsi montré que le vrai patron du film c'était lui et non pas son personnage si éminemment haïssable.
Un très bon film malgré tout
8/10