En 1995, David Fincher montre au grand public, son goût prononcé pour le macabre et le lugubre avec les décors de Seven, Fight Club (1999) sera dans le prolongement de ce qu’il établit dans Seven.
Cette atmosphère crasseuse, pouilleuse, calamiteuse et abject intrigue, questionne : pourquoi cette ville, ses décors et ses personnages renvoient une image sombre, sale et décadente ? En effet, que David Fincher nous plonge dans les locaux de la police, les diverses scènes de crimes ou bien même dans l’appartement de Brad Pitt et Gwyneth Paltrow, aucun lieu ne semble pourvu de lumière (au sens littéral comme figuré, les décors sont sombres, de plus aucunes âmes ne semblent y résider tant la ville est dépeinte comme immorale). Il en va de même pour les personnages, Brad Pitt semble en nage, Morgan Freeman est à bout de souffle jusque dans les nœuds de sa cravate mal noué.
La distribution est très bonne (en VO car film U.S, mais le doublage VFF est très bon et reproduit fidèlement les caractères des personnages). Morgan Freeman interprète le rôle d’un policier bientôt à la retraite, il choisit (vraiment ?) de guider son homologue incarné par Brad Pitt sur la trace d’un tueur en série agissant en personnifiant les 7 pèches capitaux.
Le tueur, joué par Kevin Spacey campe bien son rôle, il n’est pas un acteur que j’estime particulièrement mais ici il offre une de ses meilleures prestations lui qui sera si bon « American beauty », de Sam Mendes et convainquant dans la peau d’un accusé dans « La vie de David Gale », d’Alan Parker.
Le tueur tente de réaliser une sorte justice prophétique et divine à la manière d’un bourreau et seul un lieu dénué de salubrité de beauté et donc d’humanité, en quelques sortes, peut légitimer les actes du tueur en série. Dans un monde noir, pervers et crasseux, la route vers le paradis est longue et commence par le purgatoire. Les références bibliques (Dante Allegri, St Thomas d’Aquin,). Le tueur se nomme « John Doe » faisant référence à monsieur tout le monde, un monsieur Dupont quoi ! Mais en réalité, il est un tueur en série qui commet des actes cruels et inhumains. cette banalisation (par rapport à son identité) peut faire écho (d'un certain point de vue, pas au sens strict hein) à la banalité du mal théorisé par Hannah Arendt, ici le tueur semble guidé, son acte "est divin", il se positionne en bourreau exécutant un acte expiatoire dans l’entreprise d’un dessein bien plus vaste, qui le dépasse tres certainement. Puis au fond dans l'univers décrit par David Fincher, le "mal" est vraiment omniprésent donc la banalité du mal réside également dans le système régit autour des protagonistes où les valeurs humaines semblent avoir disparu...
On peut séparer l’intrigue en 2 parties, la première consiste en la mise en place de l'arc narratif, des personnages et surtout d’une série de crime conduisant à la traque du tueur en série. La seconde partie du film va développer le twist final raison pour laquelle il est selon moi l’un des plus marquants de l’histoire du cinéma. On sait très rapidement qui est le tueur, sa culpabilité ne fait pas débat puisqu’il se rend lui-même à la police couvert de sang. A partir de ce moment-là, les 2 inspecteurs entrent dans un engrenage sinistre qui va les conduire à leur perte et à la conclusion de l’acte fanatique du tueur.
Ce que j’aime particulièrement dans ce film, au-delà de l’intrigue, c’est que Seven est l’un de ces films que l’on peut revoir plusieurs fois et acquérir une compréhension différente, un angle d’observation et un prisme d’analyse différents à chaque visionnage.
Un des meilleurs thriller du cinéma U.S et un des meilleurs films de David Fincher.
J’adore ce réalisateur qui nous initie à des thématiques qui vont le guider dans la suite de sa filmographie : les tueurs en séries (gone girl, zodiac, millenium, the killer), la moralité (Seven, Social Network), la violence, l’identité et la folie (Zodiac, Fight Club, Social Network), la société à travers les individus, leurs vices et comportements (Social Network, Zodiac, Gone Girl, Millenium, The Game)