Ce film démarre sur une idée ambitieuse aux enjeux actuels. L'ouverture sur cette foule oppressante, étouffante, angoissante, le personnage de Glenn Close annonçant un espoir pour l'humanité en surpopulation : cryogéniser les "doublons", les enfants "en trop", dans l'attente d'un monde meilleur. William Dafoe représentant un des millions confrontés à ce cas éthique : que faire quand on a 6 "doublons", est-on vraiment prêt à les sacrifier, ne pas les voir grandir ensemble, ni être assuré d'un avenir meilleur qui leur permettrait un réveil, un jour. Décider alors de les cacher sous une seule et même entité, les emprisonner sous un masque social et temporel réduit à un jour par semaine. Une prison de survie. Pourquoi pas.


Pourquoi pas, SI on avait un réalisateur qui prenait le temps de s'intéresser à ses personnages au-delà de leur fonction dans le film(*). Quid des personnalités concrètes de chacune ? De leur lien ? Leurs angoisses ? Leurs espoirs ? Leurs réflexions au fil du temps ? Un post-it en guise de dialogues/caractère et une couleur/coupe de cheveux pour chacune, ça fera l'affaire. Willem Dafoe disparaît du film au bout de 10 min, sous couvert d'une ellipse : "30 ans après". Pas d'héritage, de transmission, de bons souvenirs ? Juste une scène traumatique de "sacrifice pour le bien de toutes", gratuite et sans émotion.


La scène du couteau. Un spectateur a carrément ri tellement la scène était traitée de façon déshumanisée et grotesque.


Le reste se déroule sans finesse, beaucoup de combats, d'explosions, de tirs en pleine tête gratuits et sans intérêt. Créer 7 personnages pour les faire disparaître de la même façon un à un en mode Ctrl + C / Ctrl + V, c'est pauvre, paresseux et prévisible.


Ce film est long et bâclé, on comprend le dénouement en moins de 20 minutes et on passe le reste du film à patienter en espérant que la fin nous apportera un peu de matière sur le sujet initial, mais rien.


Les enjeux des personnages, leur parcours, leur évolution, leur cohérence ne sont pas travaillés, tout juste esquissés. Le scénario et les acteurs méritaient un travail beaucoup plus poussé qui a été supplanté par des "scènes d'action" crues et fades. Décevant.


Seven Sisters est un film-catalogue qui s'écrit sur le trône et se feuillette en 5 minutes avant de tirer la chasse d'eau. Il n'y a aucun intérêt à ce qu'il y ait 7 filles plutôt que 3, si ce n'est l'idée-gadget des jours de la semaine qui s'essouffle vite et fait vite ressortir le vide d'écriture malgré une idée de départ bien pensée, un court-métrage aurait été plus efficace que 2h de tirage de grosses ficelles.


(*)


Les personnages sont réduits à leur fonction dans le film :
- La blonde se forcera à coucher avec l'amant de Lundi (mais elle va aimer ça, après un cunni, pas de souci, même vierge, c'est trop easy de se laisser violer, "Vendredi, c'est raviolis !") et se fera exploser la tête juste après, la rousse perdra son oeil, l'intello à lunettes se sacrifiera dans une... explosion, la sportive du groupe manquera son saut pour se faire... exploser la tête par le méchant en costard (plutôt que de se laisser glisser le long du building en s'appropriant sa mort), la business woman jouera les vénales amoureuses et carriéristes et se fera... exploser à la fin, l'avant-dernière inutile mourra dans les mêmes circonstances sans intérêt et la bad-ass aux cheveux courts sera la seule à se libérer et à incarner Karen, ce qu'on avait vu arriver à 10km au bout de 20minutes de film donc (tout comme le fait que la cryogénisation annoncée n'était qu'un Auschwitz 2.0).


Bref, Seven Sisters ou 7 Verres à Moitié-Vides à contempler pendant 2h qui en paraissent 4. Le bad-trip sans le trip. La cuite sans l'ivresse. La chair est triste comme disait l'autre.


Nota Bene : On me dit dans l'oreillette que le réalisateur n'est autre que celui de Hansel & Gretel : Witch Hunters... zzz... ceci explique grandement cela.

Anomaliza
3
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le 5 oct. 2017

Critique lue 447 fois

Anomaliza

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