Seventeen
Seventeen

Documentaire de Jeff Kreines et Joel DeMott (1985)

Houlaaa ! L'énorme différence qu'il y a avec le film "Dix-sept ans" de Didier Nion et qui m'avait bien fait chier. C'était chiant parce que l'auteur montrait une image un peu fausse de l'adolescence, une image sans doute trop tendre à cause de son ton un rien misérabiliste. Ici, l'auteur a tout compris des ados, pas besoin de vouloir les magnifier, ils sont ce qu'ils sont, à savoir des jeunes gens qui se prennent pour des adultes alors qu'ils n'ont que le comportement d'enfants. Sans condescendance, sans grandiloquence, l'auteur fait ici très bien le boulot.


En effet, on suit ces ado à l'école mais aussi dans leur vie pleine de fêtes, dans leurs querelles, dans leurs questionnements au quotidien (la question du racisme surtout). C'est très drôle, l'auteur parvient vraiment à nous restituer l'ambiance de l'adolescence : étant professeur, je n'ai vraiment pas eu de difficulté à trouver un écho face à ce que je voyais. Mais aussi entant qu'ancien ado ! Chose que "Dix-Sept ans" n'avait jamais réussi à me faire trouver. C'est simple, c'est efficace. Et c'est pas le portrait glorieux : on nous les montre cons mais aussi intelligents, matures et gamins, sans jamais tenter d'embellir (alors que dans "Dix-sept ans" on sent bien que l'intention et de nous montrer la détresse du pauvre petiot, ne tenant alors compte que de la détresse misérabiliste de sa vie alors qu'il y a certainement des moments pétillants de vie). Le seul souci, pour moi, c'est que les auteurs suivent trop longtemps une intervenante avant de la lâcher et d'en suivre d'autres, pas vraiment de manière aléatoire, c'est plu!tôt au gré des rencontres, mais donnant un aspect brouillon malgré tout. Il aurait fallu tourner autour de différents ado dès le début, de façon plus marquée, ou alors n'en suivre qu'un(e) jusqu'au bout (surtout que l'élue de la première moitié du film est super intéressante et aurait mérité qu'on ne se consacre qu'à elle, sa vie d'écolière, sa vie d'ado, sa vie de famille).


La mise en scène fonctionne plutôt bien : les réalisateurs suivent ces ado au plus près et s'intègrent parfaitement au groupe. Faut dire qu'ils ont réduit l'équipe au minimum, ce qui permet d'être moins gênant lors des conversations. Puis, en tant que cadreurs, ils se montrent très efficaces aussi, puisqu'ils filment toujours ce qu'il faut, on croirait même avoir affaire à une fiction tant le timing est bon (synchronisation entre mouvement caméra et mouvement intervenants). Les intervenants en soi sont donc intéressants, ils ont des choses à dire et surtout sont actifs. La prof qui a accepté qu'on vienne filmer son cours de cuisine est également excellente et les réactions des élèves sont vraiment très très drôles (ayant en plus effectué un voyage aux USA dans ma jeunesse, je me suis vraiment retrouvé dans cette ambiance si particulière, mais c'est bien évidemment le rapport élève-prof qui m'a le plus attiré dans ces séquences*).


Bref, ce docu était fort intéressant.


*faut savoir aussi que chaque année, on entend au moins 10 profs dire que c'est la pire année, qu'ils n'ont jamais eu des élèves aussi cancres, aussi difficiles, aussi bêtes. Moi je pense pas. Bon cela ne fait que 5 ans que je circule d'école en école, mais si j'ai pu percevoir des années pires que d'autres, je pense que c'est plus dû au fait que j'ai eu la chance de commencer avec des écoles riches avec donc un public aisé et moins perturbateur. En voyant ce docu, j'ai vraiment eu l'impression qu'en fait rien n'avait changé. Mieux : quand je vois "Les 400 coups", il y a des scènes dans la salle de classe, je trouve les élèves très insolents et ce malgré les sanctions qu'applique le professeur.

Fatpooper
7
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le 5 janv. 2017

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