RIP John Hughes

Je n'aurais pas posté sur ce film en temps normal, mais j'ai vu que parmi les 9 critiques de SC, aucun ne cite John Hughes. Je rends justice à ce brave homme.

J'avais vu ce truc il y a des années, et je crois que j'ai principalement été motivé par le fait que Mr T jouait dedans, car j'ai toujours eu une sorte d'admiration inexpliquée pour ce type, bien que ma réaction correspondait surtout à de la confusion à l'idée qu'il puisse être dans un film renommé en français "Sex academy".
Les distributeurs français n'ont rien compris à ce qu'ils avaient en main, et pour pouvoir sortir le film dans l'hexagone, lui ont flanqué un titre qui attirera les ados libidineux de notre pays bien plus que John Hughes, ce dernier étant moins présent dans nos mémoires ici qu'aux Etats-Unis.
J'étais dans ce cas là aussi à l'époque. Pour moi les teen movies c'était "American pie", en gros, et je voyais Not another teen movie comme s'inscrivant dans la même lignée. En fait cette parodie assimile un peu tout ce qui a été fait dans les deux décennies qui la précèdent, se basant essentiellement sur des classiques comme Breakfast club mais s'inspirant aussi des blagues scatophiles comme dans les American pie, mais avec une volonté d'aller plus loin.
Evidemment je n'avais pas aimé ce film où une ado embrasse une vieille femme en laissant un gros filet de bave après que leurs lèvres se soient séparées, où il y a des siamoises rattachées par la tête, et où des toilettes s'effondrent pour arroser une salle de classe, mais on m'a fait remarqué que je n'avais pas vu les films de Hughes. Je m'en suis souvenu, et puisque je les ai vus récemment, j'ai repensé à voir cette parodie des années 2000 ; peut être allais-je apprécier davantage. J'ai donc complété mon marathon "teen movies" en voyant Better off dead et Pleasantville, auxquels il y a apparemment des références, selon IMDB, dans NATM. Par contre j'ai pas vu "Elle est trop bien", faut pas déconner.

Le film a cinq scénaristes, qui reprennent de nombreux films et en mélangent les histoires. L'intrigue principale vient de "Elle est trop bien" il semblerait, un peu mêlée à celle de Pretty in pink, et d'autres sous-intrigues viennent de l'histoire ou de détails d'autres films. Bref ça pourrait être la pagaille, mais pour une fois, contrairement à ces merdes que font aaron seltzer et son pote qui mérite même pas que je cherche son nom sur le net, les différentes intrigues arrivent à coexister, sont disposées correctement afin qu'on puisse comprendre ce qu'il se passe sans que ce ne soit trop le désordre. Le seul inconvénient c'est qu'en une heure et demie certains personnages sont moins développés que d'autres, mais après tout ils ne sont principalement là que pour apporter des gags. J'ai quand même été surpris de voir comme tant de références ont pu être placées ici sans que ça paraisse avoir été entré de force dans le scénario, il y a une logique dans l'enchaînement des évènements. Une allusion à Detroit rock city fait que des personnages sont envoyés en retenue, et de là on parodie Breakfast club. C'est surprenant de voir qu'après tout il y a une certaine cohérence, et que pour une fois on ne se fout pas du public sous prétexte que c'est une parodie donc qu'on peut faire n'importe quoi.

Les scénaristes ont choisi des films divers, soit ils sont en quelque sorte ouverts d'esprit soit ils ont fait exprès de bouffer du teen movie pour se préparer à l'écriture ; en tout cas ils ont bien appris leurs leçons et ont réussi à dégager des sortes de règles qui régissent le genre, qu'ils ne présentent pas comme telles mais qu'ils font remarquer par des gags. La description du fonctionnement d'une école américaine mais aussi sa représentation au cinéma et les clichés qui sont nés à partir de ça semblent avoir été très bien assimilés : les ralentis sur les belles filles, le black de service, le type qui applaudit lors d'un moment spécial, ...
De façon plus ciblée, il y a aussi le décryptage de films pris à part, comme Pretty in pink dont le triangle amoureux est reproduit ; il est poussé à l'extrême mais globalement correspond à une bonne compréhension du film original et de ce qui fait que, personnelement, je ne l'ai pas aimé.
Je regrette que l'intrigue principale vienne de ce film au titre horrible, "Elle est trop bien", mais tout de même il y a comme un retour aux sources dès l'apparition du poster de Pretty in pink, puis diverses allusions éparpillées dans tout le film adressées à ceux qui connaissent un peu Hughes et ses collaborateurs. Nommer le lycée "John Hughes" n'était pas fin, mais plus tard il y a quand même quelques blagues à moitié cachées énormes rien que pour avoir payé des gens pour placer des jeux de mots aussi débiles dans le décor : "Anthony Michael dining hall", "Harry Dean stadium", et "weird science" écrit à côté de "history" comme s'il s'agissait d'une matière étudiée.

Enfin jusque là, pas de quoi vraiment se plaindre, car c'est encore ce qu'il y a de plus léger dans ce film qui tend à adopter l'humour lourdingue des années 2000, en l'apesantissant encore plus.
Not another teen movie s'ouvre sur un procédé de parodie que je n'aime pas : prendre un film qui est déjà une comédie, à savoir American pie, et le tourner en dérision encore plus. Ainsi la scène d'ouverture est la même, mais va beaucoup plus loin... trop loin même. Bon après ça c'est gags d'une débilité absolue à gogo : du cul, du cul, boum l'escalier s'effondre sous la fille, du cul, du crade, ... Ca peut me faire marrer dans une certaine mesure, mais là c'est trop poussé. Cette fille qui a le syndrome de Tourette, c'est tellement gratuit... C'est d'ailleurs d'autant plus dommage d'avoir à endurer ces conneries quand on voit comme les scénaristes ont pu correctement détourner les codes du teen movies en de certains points. Il ne doit y avoir que peu de gags qui ne se réfèrent pas à un film particulier et qui n'est pas trop lamentable... le coup de la chanson "Janie's got a gun" par exemple, à moins que je n'aie pas vu l'oeuvre d'où ça vient.
Je dois aussi féliciter le choix de casting, non pas pour ces filles qui doivent n'apparaître que nues ou dire "lèche ma chatte merde bite", mais pour les quelques sosies qu'ils ont pu trouver, notamment de Oz dans American pie et Kathryn Merteuil dans Cruel intentions (qu'on ne me dise pas "Sexe intentions" !), car là ça me fait un peu plus marrer.

Comme pour montrer qu'au fond ils ont de l'affection pour les teen movies qu'ils démontent, nous avons quelques caméos qui font plaisir à voir. Le principal dans Breakfast club, qui joue le même rôle mais qui, je ne comprends pas pourquoi et ça doit encore faire partie de ces gags à la cons, repart avec du papier toilette accroché à son pantalon ou je ne sais quoi, et Molly Ringwald que j'ai du plaisir à voir rien que pour constater à quoi elle ressemble une fois adulte. Mais ce qui dans un autre film aurait pu être un beau moment de "retrouvaille" avec ces personnages du passé est gâché par les conditions, à savoir le fait que ça se trouve dans cette parodie idiote.
Mr T quant à lui, je ne sais vraiment pas ce qu'il fout là, mais il est toujours aussi génial.
A noter aussi que la bande-son, qui reprend des titres des 80's, est très agréable. Ca fait partie de ce que j'ai aimé dans Not another teen movie, mais dans l'ensemble, il faut l'avouer, ce film est assez pitoyable. Le ratio blagues pourries/belles références est trop faible, et j'ai été beaucoup plus accablé par ce que je voyais que je n'ai ri.

EDIT 10/04/2012 : Un bon truc, c'est la BO, qui propose des remix de classiques des 80's par des musiciens récents. J'ai bien aimé la nouvelle version de 99 luftballons, et puis grâce à ce film, on a quand même "Tainted love" de Marylin Manson.