Love Story
Malgré ses airs mineurs, sa candeur limpide et la simplicité de ses effets, le film de Steven Soderbergh reste pourtant une grande Palme d’Or. Grande parce que Sexe, Mensonges et Vidéo détient les...
Par
le 25 avr. 2019
44 j'aime
2
Difficile de déterminer ce qui est le plus curieux dans ce premier film de Steven Soderbergh : son caractère un peu insolite, ou le fait qu’il s’est vu récompensé de la Palme d’Or en 1989.
On peut comprendre que la modestie du projet titilla légèrement les esprits face aux autres films en compétition (Le Temps des Gitans, Pluie Noire, Cinema Paradiso…), mais quitte à explorer les thématiques obscures de la vie de couple, il aurait été plus intéressant de récompenser Trop belle pour toi, aussi en lice cette année-là (mais qui repartira tout de même avec le Grand Prix Special du Jury).
Le film semble lorgner par instant du côté de Cronenberg dans sa volonté d’investir les recoins les plus intimes – et souvent gênants- de ses protagonistes. Un mari volage, une sœur perverse, une épouse frigide et un ami impuissant composent ainsi un quatuor qui va se libérer par la parole, notamment face à un dispositif d’interview vidéo, mise en abyme assez poussive et typique du premier film pour dire la grandeur de l’illusion cinématographique au service de la vérité des êtres.
Le couple central James Spader/Andie MacDowell est tout à fait convaincant, dans cette attitude ténue en attente de confession. Leur doubles maléfiques, mari et sœur, beaucoup moins, et ce qui aurait pu se limiter à un joli moyen métrage prend ici des proportions plutôt vaines.
On en vient assez rapidement à questionner toute la pertinence de cette mise en scène, qui semble avoir cherché dans la forme un moyen de légitimer un fond éculé, mais qui pouvait avoir ses charmes. Alors que les premières conversations permettent une véritable caractérisation des personnages, la volonté très scolaire de construire une intrigue balisée autour des sacro-saints paroxysmes et dénouements occasionne des dérives assez grotesques. Punition des méchants, révélation cathartique du gentil pervers, tout ça n’a pas grand sens et nous laisse sur une impression d’inflation généralisée, que le temps se charge de remettre à sa juste place.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Erotisme, Portrait de femme, Vus en 2016, flop 2016 et couple
Créée
le 5 déc. 2016
Critique lue 2.9K fois
49 j'aime
5 commentaires
D'autres avis sur Sexe, mensonges & vidéo
Malgré ses airs mineurs, sa candeur limpide et la simplicité de ses effets, le film de Steven Soderbergh reste pourtant une grande Palme d’Or. Grande parce que Sexe, Mensonges et Vidéo détient les...
Par
le 25 avr. 2019
44 j'aime
2
Dernières répliques du film : - On dirait qu'il va pleuvoir. - Je crois qu'il pleut déjà. Je trouve ça sublime, vraiment. Le mec a quand même l'audace, le génie, le talent même de nous plonger dans...
Par
le 9 janv. 2011
37 j'aime
4
Titre choc pour film choc : en 1989, Soderbergh fait une entrée fracassante dans l’industrie cinématographique en raflant la Palme d’Or face à un Spike Lee mécontent. Et ce, malgré ses 26 ans, son...
Par
le 26 oct. 2019
16 j'aime
Du même critique
Cantine d’EuropaCorp, dans la file le long du buffet à volonté. Et donc, il prend sa bagnole, se venge et les descend tous. - D’accord, Luc. Je lance la production. On a de toute façon l’accord...
le 6 déc. 2014
774 j'aime
107
Il y a là un savoureux paradoxe : le film le plus attendu de l’année, pierre angulaire de la production 2019 et climax du dernier Festival de Cannes, est un chant nostalgique d’une singulière...
le 14 août 2019
715 j'aime
55
La lumière qui baigne la majorité des plans de Her est rassurante. Les intérieurs sont clairs, les dégagements spacieux. Les écrans vastes et discrets, intégrés dans un mobilier pastel. Plus de...
le 30 mars 2014
618 j'aime
53