Il n'y a jamais de raccourci vers le bonheur.
Alors que l'on pensait que le nombre d'adaptations de la nouvelle The Devil and Daniel Webster (de Stephen Vincent Benét) avait atteint son quota maximal, Alec Baldwin nous sert sa version. Afin de tenter de surfer sur la vague qu'avait laissé Endiablé, avec un pauvre type incarné par Brendan Fraser et un diable sexy campé par Elizabeth Hurley, Baldwin en fait un presque clone, dont le tout est très similaire. Les ressemblances sont frappantes (dont un sex-symbol, Jennifer Love Hewitt, en robe rouge), à la différence près que l'humour est totalement absent, tentant de se rapprocher du style de L'avocat du Diable, mais en version familiale.
En résulte quelque chose d'incroyablement mou, doté d'une mise en scène plate, d'un montage moribond et de transitions dignes de La croisière s'amuse. Ça suinte l'amateurisme et la production destinée pour le petit écran (à noter que le film à bénéficié d'un budget de 25 millions de dollars, ce qui parait à peine croyable), et s'il avait été écourté de moitié, on aurait pu l'imaginer comme étant un épisode correct d'Au-delà du réel. Hélas nous sommes plus proches d'Au-delà de l'ennui, la prévisibilité étant omniprésente, ne suscitant aucun intérêt de la part du spectateur, un peu comme s'il regardait défiler le paysage durant un voyage en TGV.
Bref, Sexy Devil est une production dont sa sortie tardive en France est très largement compréhensible (2004 aux States). Manque de facétie, sujet vu et revu, tout comme sa morale, et même ses acteurs semblent peu passionnés par leurs rôles. Adam Baldwin, qui est ici le personnage principal, s'investit un minimum (il y croit à son film !), Kim Cattrall a fusionné avec son personnage de Sex and The City et nous sert une chose à l'identique. Jennifer Love Hewitt, qui devait incarner la touche « sexy » suggérée par ce titre ostentatoire, reste égale à elle-même, c'est à dire nulle, et ne nous offre rien, si ce n'est quelques robes rouges absolument pas excitantes. Anthony Hopkins assure le strict minimum, avant de légèrement se réveiller durant la dernière partie, lors de sa plaidoirie contre le diable, et Dan Haykroyd, quant à lui, parait complètement endormi, et joue de façon insipide, comme s'il était dépité par la niaiserie des dialogues.
Il faudra également prendre en compte qu'Alec Baldwin aura demandé la suppression de son nom en temps que réalisateur et producteur, préférant utiliser le pseudonyme d'Alan Smithee, utilisé par les réalisateurs et scénaristes qui ont été honteux du travail assuré par la production (qui se réserve le droit de réarranger les scènes, en supprimer, ou tout monter n'importe comment). Ça ne signifie pas pour autant que le film aurait pu être meilleur, seulement moins mauvais.
Pour conclure, si vous n'avez ni vu Endiablé ni L'avocat du Diable ni aucune adaptation de The Devil and Daniel Webster, cette oeuvre pourra vous servir un minimum de divertissement. Dans le cas contraire, l'impression de déjà-vu prendra le pas, principalement à cause du traitement qui n'impose aucune originalité, et la finalité de tout cela sera devinée bien avant la moitié du métrage.
Mention spéciale pour Anthony Hopkins, qui bien que pour une énième fois il se compromette dans une production de bas-étage, réussit une fois de plus à sauver le tout, malgré son peu de temps à l'écran, mais qu'il utilisera à bon escient.