Écrit par Max Landis (fils de John et notamment auteur de Bright), réalisé par une femme (Roseanne Liang, My Wedding and Other Secrets), Shadow in the Cloud a connu une production quelque peu compliquée suite aux incriminations d'harcèlement sexuel dont Landis a été accusées. Ironique pour un film féministe. Le scénariste évincé du projet, c'est Liang elle-même qui s'occupera des réécritures pour un résultat finalement surprenant, pour peu que l'on se laisse emporter par le concept du film.
Car Shadow in the Cloud est un high-concept étourdissant qui ne pourra pas plaire à tout le monde. D'une courte durée, le long-métrage s'intéresse à l'embarcation de dernière minute d'une officière militaire à bord d'un avion de guerre néo-zélandais transportant un paquet confidentiel qu'elle doit remettre arrivée à destination. Placée puis coincée dans une tourelle de l'appareil, elle va passer le plus clair du temps du métrage à communiquer par radio avec un équipage sexiste et moqueur avant de commencer à affronter des évènements impromptus mêlant gremlin légendaire et avions ennemis.
Sans spoiler les nombreux rebondissements qui font la force (ou la faiblesse selon le point de vue) du film, ne vous attendez pas à découvrir une péripétie aérienne comme les autres, le film se présentant avant tout comme un huis-clos particulièrement bien écrit, bien mené, au découpage et à la rythmie exemplaires, mené par une Chloe Grace Moretz déterminée. La dernière partie, plus hollywoodienne, n'est pas en reste et assure un spectacle certes over the top (quelques scènes d'action auraient pu être simplifiées voire évitées) mais qui tranche agréablement et avec conformité avec la globalité de la bobine.
Passé les sujets intéressants (quoiqu'ici présentés de manière un brin maladroite) tels que le sexisme railleur et la place de la femme dans l'aviation ou même pendant la Seconde Guerre mondiale, Shadow in the Cloud reste une surprise détonante, jamais ennuyeuse et considérablement stimulante qui, si elle ne fera pas date dans le 7e Art, peut prétendre aux meilleurs high-concepts de ces dernières années et introduire Roseanne Liang parmi les réalisatrices à suivre de près. Encore une fois : pour spectateurs avertis.