Même le gremlin doit se soumettre à la juridiction matriarche


MESSAGE IMPORTANT
- Hey, vous !
- Ouais, quoi ?
- Vous ne devriez pas être un peu plus prudent.
- Bahhh ! Il n'y a pas plus prudent. Allez, fichez moi le camp, je suis occupé ! Haaa !!! C'est pas moi. J'ai rien fait... C'est la faute d'un gremlin.
- Un gremlin ?
- Ouais ! Tout le monde a entendu parler des gremlins : ils dévorent les carlingues, brouillent nos systèmes de navigation. Ils adorent nous nuire !
- Les gremlins n'existent pas, c'est dans votre tête. Nous devons bien à nos soldats de nous appliquer à notre tâche. Ce ne sont pas les monstres qui cause des accidents. Ce sont les pilotes négligeant. C'est à vous qu'il revient de veiller à votre sécurité.




Wonder Woman Moretz



Shadow in the cloud est un film de guerre horrifique réalisé par Roseanne Liang dans lequel on essaye d'honorer le rôle des femmes au sein des forces aériennes durant la Seconde Guerre mondiale. Une conduite honorable que l'on va curieusement mélanger avec un récit horrifique dans lequel une pilote se retrouve confrontée à « un gremlin ». Une approche curieuse pour rendre un tel hommage mais pourquoi pas. Sur un scénario de Max Landis coécrit avec Roseanne Liang, Shadow in the cloud nous propulse dans les airs à bord d'un B-17 Flying Fortress que la pilote Maude Garrett (Chloë Grace Moretz ) rejoint à la dernière minute avec des documents top secrets qu'elle doit absolument mener à bon bord. S'ensuit un périple dans lequel la jeune femme va se retrouver seule à bord d'un appareil rempli d'hommes qui bien évidemment sont tous des salauds sexistes avec deux de neurones. Une belle brochette de crétins avec lesquels on va dérouler un véritable tapis rouge pour tous les poncifs et autres clichés contre la juridiction patriarcale. Jusqu'à ce que s'invite un gremlin. Rapidement on perd pied ! Qu'est-ce qu'on regarde ? Un récit de guerre historique à l'honneur des femmes ? Une fiction horrifique ? Un film d'action hyper bourrin ? Une comédie noire ? Une estampe pour l'amélioration des droits des femmes ? Un matraquage propagandiste d'un féminisme extrémiste ? Tant de souscriptions que l'on va réunir autour d'une seule et même histoire. Un pot-pourri extrêmement branlant, insensé et absurde mais ô combien divertissant.


Shadow in the cloud est un divertissement fourre-tout qui sur un rythme haletant dresse un huis clos aérien plutôt tendu. Un cercueil ailé dans lequel on joue intelligemment de l'inconnu par le biais d'une atmosphère inquiétante véhiculée par l'environnement et la venue d'un être malfaisant. Une ambiance pesante favorisée par les décors de Gary Mackay qui fait du B-17 Flying Fortress une prison céleste opaque étouffante. Se mêle la guerre ! S'ensuit une débauche de situation explosive où le spectateur va sans relâche se retrouver confronté à une débauche de cascades vertigineuses. La plus dingue étant celle où notre chère Moretz de l'extrême se retrouve à parcourir de l'extérieur l'appareil en étant suspendu dans le vide. Une scène exaltante dans laquelle j'ai tout du long retenu mon souffle. Une longue traversée infernale où notre héroïne va envoyer chier la gravité qui elle aussi doit abdiquer face au féminisme. Une suspension impressionnante à laquelle s'ajoute les confrontations extérieures et le fameux gremlin. Une créature plus ou moins décente qui aurait mérité un peu plus d'attention. Entre le montage nerveux de Tom Eagles, appuyé par la photographie de Kit Fraser qui fout le vertige, sur une direction artistique léchée de Mark Stephen, sans oublier la composition musicale frissonnante de Mahuia Bridgman-Cooper, il faut reconnaître que Roseanne Liang fait preuve de beaucoup de générosité. Un spectacle nourri en sensations fortes dans lequel on se demande ce qu'un gremlin vient foutre là, mais après tout on s'en fout. On comprend très rapidement qu'il vaut mieux se fermer au fond pour mieux profiter de la forme qui nous en met pleins les yeux.


Arrive Chloë Grace Moretz en mode « Wonder Woman Moretz ». Moretz est charismatique ! Moretz est un symbole ! Moretz est une déesse ! Une iconisation totale de la comédienne que la caméra de Roseanne Liang ne quitte jamais pour mieux la sublimer. Une modélisation badass de l'actrice qui m'a beaucoup amusé car elle nous renvoie à nos héros typiques des films d'action des années 80. Une virevolte amusante qui va offrir un machisme inversé mais sans la testostérone avec Moretz qui nous fait sa "Schwarzenegger-Stallone". Tout le monde est nul, seul Moretz est de taille. Moretz fait tout : elle est mécanicienne, elle est pilote d'avion, elle sulfate, elle nique la gravité, elle dégomme des avions, elle martèle du monstre à coup de poing, et en plus c'est une maman attentionnée. Une déesse guerrière à laquelle je souscris totalement. Un spectacle décérébré jubilatoire qui aurait pu être génial s'il ne se serait limité qu'à cela. Seulement voilà, il commet l'erreur d'essayer de se prendre au sérieux en nous livrant une injonction totale contre les hommes. De la première jusqu'à la dernière seconde du film, les hommes sont primitifs, débiles, injurieux et détestables. Incapables d'aligner une phrase sans dire des obscénités, des injures et des propos rabaissant envers les femmes. Un acharnement sans nuances auquel se greffe un brin de racisme pour un rehaussement de la stature féminine. Un élément qu'on ne va cesser de nous marteler du début à la fin par le biais de séquences horrifiques d'action burnée pas du tout propice au message. Pire, le film se termine sur un hommage tiré de vidéos historiques sur les femmes pilotes. Si la séquence est sympathique on se demande une fois encore ce que ça vient foutre là.



CONCLUSION :



Shadow in the cloud est un survival horror de guerre mélodramatique d'action bourrin sous fond historique à la cause du féminisme réalisé par Roseanne Liang, qui ne sais plus où donner de la tête tant son film est un fourre-tout en puissance. Un long-métrage auquel il vaut mieux se détourner du fond pour profiter de la forme qui est d'une générosité débordante. Un périple d'action décérébré où on se régale des séquences vertigineuses dont une Chloë Grace Moretz qui passe en mode badass devant un gremlin plus à plaindre que craindre.


À trop vouloir noyer son récit en éléments totalement dispensables on finit par perdre le spectateur.




  • Comme si j'avais déjà pas assez à faire. Je dois maintenant me coltiner une poule qui doit m'énerver.

  • Depuis quand c'est l'arche de Noé, ici ? On va devoir trimballer les poupées sans ailes maintenant ? Déjà qu'on a un pilote noir.

  • C'est une mission conjointe lieutenant. On travaille main dans la main.

  • Non, pas question que je te donne la main.

  • Hey les gars, on peut revenir à nos moutons ? Tu as dit poupée sans ailes, pourquoi poupée sans ailes ?

  • Elle a un bras cassé.

  • Qu'est-ce qu'on en a à foutre de son bras, elle a un beau cul ?

  • J'ai pas bien vu avec sa tenue. Elle est déguisé en soldat. En tout cas ce qui est sûre c'est qu'elle a l'air chaude comme la braise.

  • J'ai tellement la trique que je vais trouer la carlingue. On doit être bien au chaud dans sa petite bouche à pipe.

  • On saura comment s'amuser si le vol est long.

  • Elle pourra pas s'occuper de moi. Il faut deux mains pour s'occuper de mon joujou.

  • Dire qu'elle avait sa chatte à deux centimètres de moi et j'en ai pas profité. Je l'aurais bien fait miauler.



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