L'éditeur Third Window Films, meilleur découvreur actuel de talents du cinéma asiatique, nous offre une fois de plus une belle mandale en présentant, à travers ce petit film, une autre image du cinéma japonais contemporain que l'on nous stigmatise trop souvent, plus ou moins à tort, par ses excès en tous genres.
Difficile de parler de Shady sans en révéler la trame principale alors qu'il fonctionne beaucoup sur le mystère qui l'entoure. Donc sans trop en dire, ce film fait beaucoup penser à la trilogie de la haine de Sono Sion, à savoir une amitié fusionnelle entre deux lycéennes qui est d'autant plus forte qu'elles ne communiquent avec personne d'autre, mais s'en distingue également à travers une préférence curieuse (mais en accord avec le sujet du film) pour les animaux par rapport aux humains. En résulte une histoire intimiste à fleur de peau, qui alterne brillamment entre ses tonalités de tristesse contenue et d'instants bucoliques à base de non-dits éloquents, traversée également par un souffle vénéneux et toxique qui culmine en une finale qui nous laisse à bout de souffle, conséquence presque logique d'une amitié exclusive et entièrement refermée sur elle-même.
Bref, Shady est une belle perle noire (superbe bande-son en passant, atmosphérique et tout en contrepoint, à l'image de la collaboration Kitano/Miyazaki) portée par des interprètes bien dirigés, qui nous parle, une fois de plus (une manie pour le cinéma nippon de ces vingt dernières années), du problème de communication inter-humaine, et particulièrement l'adolescence en proie ici à un profond mal-être.