Un film qui a longtemps été un mystère pour moi, car acclamé par la critique à sa sortie, couvert de récompenses, et pourtant j’ai parfois l’impression qu’avec le temps, les gens l’apprécient de moins en moins. Alors certes, je dois admettre que ce n’est pas le meilleur film de cette année que j’ai pu voir, mais il faut quand même lui reconnaître des qualités. Tout d’abord, c’est une comédie romantique sur fond historique qui tient la route et qui nous fait nous attacher aux personnages. Certes, on se doute que tout ça est extrêmement romancé, même quand on ne connaît pas toute la vie de Shakespeare, mais cela donne à l’histoire quelque chose de plus passionnant en soit. Après, c’est vrai, la mise en abîme avec une histoire s’inspirant de Roméo et Juliette pour expliquer la création de Roméo et Juliette, ça fait un peu gros, et ça conduit parfois à des scènes quand même vachement bizarres.
L’autres points, c’est qu’il y a des personnages secondaires qui tiennent la route. Si le couple de William et Viola incarne les protagonistes de Roméo et Juliette sans grande originalité, les autres m’ont régalé. Bon, saluons d’abord la Reine Elizabeth, mastertroll suprême qui a 20 lignes de dialogues et défonce tout le monde dans ce laps de temps. Lord Wessex est l’archétype de l’antagoniste dans ce genre d’histoire, et on prend plaisir à le détester. La nounou de Viola est juste épique dans chacune de ses scènes, et possède un cri légendaire. Les différents personnages de la troupe sont également intéressant dans le rôle qu’ils incarnent, et comment l’intrigue centrale se reflète sur eux.
Parlant de troupe, ça me fait penser que j’ai beaucoup aimé la façon dont le milieu représenté par rapport à l’époque et notamment la place des femmes (j’ignorais qu’elles n’avaient pas le droit de jouer sur les planches). De manière générale, le film aborde l’égalité des sexes à travers plusieurs scènes/dialogues (je pense notamment à Wessex qui se croit maître du monde #GrosConnardDePremière) de façon plutôt intéressante et bien amené. Après, c’est vrai qu’il y a cette sorte de nonchalance dans le personnage de Shakespeare qui rejaillit au final dans le ton global du film et qui le fait paraître parfois un peu déconnecté. Comme s’il oublié parfois d’être film et penchait trop du côté théâtre. Je pense notamment à certaines scènes où les dialogues font quand même très pompeux, pour ne pas dire proutprout, même s’il y a aussi une volonté de retranscrire l’époque.
Rien à redire sur le casting, si ce n’est qu’on retrouve tellement de têtes connues que les lister seraient trop long. Signalons donc que Judi Dench est impériale, que Gwyneth Paltrow n’a pas volé son Oscar même si elle fait un peu trop la jeune fleur naïve, Joseph Fienes propose un jeu… intriguant on va dire, Ben Affleck a été sans doute la grosse surprise dans le sens que je ne l’attendais pas du tout dans ce film, et que Colin Firth est génial quand on doit le détester.
Techniquement, le film est une véritable fresque historique qui nous éblouit à chaque scène. La musique sera sans doute son point faible, dans le sens où on ne retrouve au final qu’un seul véritable thème, très chouette mais parfois pas utilisé correctement. Les costumes et les décors sont tout bonnement fabuleux, c’est juste dingue tout ce qu’on voit à l’écran. Quant à la mise en scène, elle reste assez classique pour le genre du film, même si j’ai beaucoup aimé la séquence finale retranscrivant la pièce et confirmant que Roméo et Juliette a sans doute l’une des meilleures fins de la fiction. C’est maîtrisé, mais rien d’extraordinaire.
Bref, un film globalement bon, on ne va pas se mentir. En revanche, je n’ai pas été complètement transcendé par le film, comme s’il lui manquait ce petit quelque chose pour me happer et ne pas me lâcher jusqu’à sa conclusion. Ce n’est pas la meilleure comédie romantique que j’ai pu voir, ni la meilleure romance, mais elle se base sur un des plus grands archétypes de notre patrimoine culturel et réussit à lui rendre hommage et justice.