Modèle sentimental en souffrance

Je prends véritablement la filmographie de Steve McQueen dans le mauvais sens puisque Shame est le second film du cinéaste, avant 12 Years A Slave et après Hunger, premier long du réalisateur donc. Shame est une oeuvre plutôt réussie, nettement plus intéressante que l'oeuvre qui valut à son cinéaste l'Oscar du meilleur film. Soyons honnête 12 Years A Slave est très convenu et l'histoire était parfaite pour aller chercher une statuette sans avoir à se fouler vraiment.


Shame est lui un peu plus fin dans le traitement de son sujet. Steve McQueen met en scène un homme tout simplement accro au sexe, à la drague et aux femmes, incapable de se poser et de dévoiler des sentiments. Tout au plus versera-t-il quelques larmes lorsque sa soeur chante dans un restaurant dans lequel elle se produit.


Véritable allégorie de notre société, le film de McQueen dépeint cette humanité en manque de bons sentiments, où tout semble aller trop vite, où le sexe se fait à la volée, au détour d'une rue ou sous un pont, ou de manière de plus en plus hard. Mais jamais sans sentiments en tout cas.


Shame dépeint également un modèle familial à la peine, une relation entre un frère et une soeur par moment fort proche de l'incestueux. Mais plus encore que de vouloir porter un jugement sur ces deux personnes, le cinéaste semble vouloir trouver les raisons à ce mal-être affectif ("nous ne sommes pas de mauvaises personnes, nous venons du mauvais endroit"), semblant renvoyer la faute à l'environnement familial parental.


Néanmoins dans les faits, le cinéaste lance quelques pavés dans la mare tout en restant évasif. C'est dommage car j'estime que certains points auraient mérités un bien meilleur développement plutôt que d'en rester dans la catégorie des sous-entendus.


Techniquement, rien à redire, le cinéaste aborde le sujet de bien bonne manière, avec une caméra qui suit les pérégrinations du bonhomme. Peu de paroles aussi au tout début, le cinéaste jouant sur les non-dits ou les expressions et gestuelles des personnages. Toutefois, le début est assez redondant techniquement avec une musique qui en devient notamment assez gênante.


Grosse prestation de Michael Fassbender, que les femmes apprécieront certainement dans le plus simple appareil, mais aussi de Carey Mulligan, dans son petit rôle de la soeur. Bref, une oeuvre qui a des choses à dire et qui le fait plutôt bien.

batman1985
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le 22 sept. 2016

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