Shang-Chi et la légende des dix anneaux par Anilegna

Voilà un divertissement tout à fait sympathique, bien fait et bien rythmé.
On notera également la presque absence d'insulte faite à la Chine et à sa culture (ce n'est pas toujours aussi simple que ça).
Rien de nouveau, donc, mais ça fait le job.
C'est un Marvel classique, de bonne facture qui change tout de même des combats en effets spéciaux et qui adhère (mis à part le combat final classique avec débauche de CGI) aux traditions du film asiatique avec des combats réels et parfaitement chorégraphiés. Les références à Jacky Chan, notamment, sont évidentes (l'échaffaudage) et appréciables.
Il y a une tangibilité des coups, un émerveillement face à l'agilité des acteurs et de leurs doublures qui donne un certain relief à ce film.
Ce n'est pas aussi artisanal que cela a pu l'être à une époque, rendant les combats vraiment impressionnants, mais c'est mieux que des combi-moulantes avec des griffes qui se mettent sur la tronche dans un tunnel.

C'est une histoire d'origine de héros qui est bien menée.
Le film se permet aussi une petite pose réflexion sur ce qu'est l'identité asiatique aux US. Ce n'est pas central, mais cela donne une profondeur supplémentaire à la quête de nos héros et à leur engagement.
Nous avons Shang-Chi au passé, bien sûr, douloureux mais qui ne se morfond pas forcément dans une cave de sombritude. Il est même plutôt espiègle. Il est accompagné par sa meilleure amie, Katy, à l'humour incisif mais à la fidélité touchante.
Ils affronteront, aidés de quelques alliés, un adversaire plutôt intéressant et loin de tout manichéisme. Je regrette un peu parfois le temps où un méchant pouvait juste être méchant "parce que", sans arc de rédemption, sans raison. Juste un méchant. Mais c'est ici bien fait et surtout bien joué puisque c'est Tony Leung, immense acteur très expressif, qui interprète Wenwu, aussi connu sous le nom du Mandarin, le vrai, mais j'y reviendrai.
Face à lui Simu Liu fait du bon boulot en Shang-Chi : il a du charme, il est agile, il est bien.
Awqwafina (qui semble me poursuivre ces derniers temps) est excellente en amie pleine de personnalité. Elle arrive à trouver un bon équilibre entre side-kick comic-relief et personnage avec une personnalité. Elle ne gâche pas les moments de tension sans arrêt et sait mettre son côté grande gueule en veilleuse quand c'est nécessaire. Elle ne sert pas à grand chose, mais elle est sympathique.
Meng'er Zhang en Xialing, la soeur de Shang-Chi, est un peu raide et monocorde mais cela va plutôt bien au personnage.
Mention toute particulière pour l'immense et talentueuse Michelle Yeoh qui, à 58 ans, est toujours aussi badass et subtile.
Les effets, spéciaux sont honorables en général et les rebondissements correctement dosés.

La seule chose qui m'a déroutée et dérangée c'est l'arrivée de Ben Kingsley comme un cheveu sur la soupe. Il ne sert à rien, est un comic relief exaspérant et franchement perturbe plus le film qu'autre chose.
Afin de boucler la boucle, puisque Wenwu EST le Mandarin, on a droit à une conversation maladroite et assez invraisemblable où Wenwu se moque du nom du Mandarin parce que c'est un nom de canard!?!?!? D'abord, le Mandarin c'est aussi le dialecte principal de la Chine et le titre de grands fonctionnaires d'état sous l'empire, avec de grandes responsabilités et beaucoup de pouvoir.
Cette conversation n'a de sens que pour minimiser l'existence passée d'un Mandarin qui n'est pas LE Mandarin. C'était déjà très énervant à l'époque d'Iron Man 3, c'est pas la peine de remuer le couteau dans la plaie.
Décidément cette histoire de Mandarin est une verrue depuis le début.

Un bonne surprise au final pour moi qui n'en attendait absolument rien.