Mécanique des morts

Ce film est vraiment curieux. J'en ai entendu parler dans "Le bistro de l'horreur". Les intervenants n'auraient pas cité William Castle que je n'aurais peut-être pas tiqué ; je comptais me faire sa filmographie un jour, mais en entendant le pitch, je me suis résolu à m'attaquer à ce film étrange au plus vite.

Le scénario, en effet, est une très bizarre adaptation du mythe du zombie. C'est très ludique, tout le film donne l'impression de voir un réalisateur et son alter ego s'amuser ; et si Castle n'était jamais en train de raconter que sa propre vie de cinéaste, lui qui engage des gens pour leur faire faire n'importe quoi d'un peu lugubre afin de provoquer le frisson. En tous cas il y a ici un ton enfantin qui désamorce toute tentative d'angoisser le spectateur... mais en même temps, paradoxalement, ça la renforce, car rien de plus inquiétant que des jeux d'enfants aussi pervers.

Il ne se passe pas grand chose durant tout le film. C'est le reproche que l'on peut faire. Mais les quelques petits trucs qui s'y passent sont forts. Et puis on peut dire que c'est une histoire pour metteur en scène : c'est par la réalisation que tout est étiré, que l'auteur tire profit de son idée. Les gesticulations des zombies prennent des plombes, mais c'est en même temps ça qui est beau. C'est comme un gosse qui s'amuse. C'est aussi un ballet poétique : les mouvements de morts n'ont jamais été aussi beaux. Faut dire que les acteurs sont bons. Marceau, déjà, forcément, idéal dans ce rôle, mais ses acolytes sont également doués pour ce genre d'exercice. Tandis que la petite fille a la tête idéale pour le rôle, tant pis si sa prestation n'est pas aussi mémorable.

Bref, "Shanks" est un film étrange, poétique, beau.