L’amélioration continue (probablement auto-gérée) du réalisateur saute aux yeux dans cette suite et impose véritablement le respect. Au visionnage du film, il est clair que Anthony C. Ferrante a pris le temps de se poser après le premier Sharknado, pour effectuer une décisive introspection cinématographique. Il y a quelque chose du rite initiatique dans sa démarche. Après le premier épisode où Anthony se jetait les yeux fermés dans un genre qu’il ne maîtrisait pas, avec pour seuls atouts sa générosité, sa bonne volonté et son opiniâtreté, voilà qu’il revient avec dorénavant un minimum d’expérience et d'auto-critique qui change tout.
Anthony a compris plein de trucs. Déjà, les sentiments putain. C’est super important ça, les sentiments. Il y en avait un peu dans l’épisode précédent, mais c’était presque des erreurs d’inattention. Comme quand je me trompe entre le poivre et le curry et que ça donne un goût surprenant mais passable à mon omelette. Dans Sharknado2, les sentiments sont vraiment déterminés. Les acteurs relativement débutants dans ce genre de projet (les films avec des sentiments complexes) font tout ce qu’ils peuvent et ça se termine souvent avec des sortes de tics gênants. C’est magnifique et ça donne des visages qui partent dans tous les sens. De ce point de vue, Anthony est plutôt dans le 5 baies que dans le curry. C’est déjà mieux. (J’ai rien contre les épices orientales, mais je réfléchis dans une perspective d’omelette)
Pour l’humour, c’est pareil. Anthony il a réfléchi. À propos de l’épisode 1, les gens ils lui ont dits « trop bien Sharknado, j’ai trop rigolé ». Et lui il a dit « quoi ? Rigolé ? ». Alors les autres ils lui ont dit « bah oui, quand le gars il dit « Hollywood me tuera » et qu’il se fait ensuite écraser par le H du panneau géant ». Alors Anthony il a dit « Ah ouiii ! Je l’avais pas vu comme ça. D’accord je vois… ». Et il a appelé son assistant réalisateur et il a dit « Richard, je viens de comprendre un truc ». Et puis après il s’est passé d’autres trucs, mais je risquerais de déborder sur le making of. Sachez juste que du coup, pour l’épisode 2, il y a de l’ironie, de la caricature, de la Punch Line ultra bien sentie. Anthony, il a réussi l’humour dès qu’il a essayé. C’est dans les gènes. Du coup vous reprenez le paragraphe d’avant et vous remplacez « les sentiments » par « l’humour », ça marche… pas trop. Non, ça marche pas du tout. Ne faites pas ça, ça sert à rien.
Pour les requins (on n’en arriverait presque à les oublier ceux-là), Anthony il a arrêté de justifier leur apparition à l’écran. Ça a dû être un truc qui lui a pris pas mal de temps dans le premier épisode alors que, finalement, ça ralentissait pas mal le schmilblick et ça faisait chier tout le monde. Maintenant, les requins ils apparaissent comme les petits missiles dans Super Mario Bros sur la première Nintendo. Ils traversent rapidos l’écran en essayant de choper un truc au passage. Et si ils chopent un truc, ils s’en vont avec. Pas le temps de niaiser. Seuls quelques-uns accrochent un peu plus la caméra. Ceux-là ont sûrement fait le cours Florent parce que chacune de leurs apparitions est véritablement hilarante.
Du côté des effets spéciaux, Anthony fait preuve d'une belle lucidité. Il conserve le savant dosage d'effets visuels de l'épisode précédent et fait par contre un gros travail sur les trucages sonores. Ah et puis il a du mater un Tarantino ou un Matrix entre-temps par ce qu'il nous sort un Slow-Motion furtif bien plaisant.
C’est vraiment une saga super pour se lancer dans la critique freelance. Déjà parce que c’est très frais. Ensuite parce que Anthony, il rayonne de cet amour candide du néophyte. Mais surtout parce que si vous avez déjà vu quelques films d’action/horreur, vous êtes un peu en avance sur lui et vous pouvez facilement comprendre ses intentions et ses évolutions. La saga comportant bientôt cinq épisodes, les critiquer est un travail un peu rébarbatif mais dont vous ne pouvez ressortir que grandi. (C'est ma méthode Autodisciple pour Sens Critique)
8/10 pour la pédagogie. 8/10 pour le film.
Une moyenne de 8/10.
PS: Comme d'habitude je finis par un petit clin d'œil à Steve de Beverly Hills qui, au milieu du film, dans une sorte de mise en abîme, dit à propos de la célébrité : «je l'appréciais quand j'étais surfer. Ça m'a coûté ma famille. Je me prenais pour une star. Je pensais mériter tout ce que j'avais». Il est très beau, et l'humilité de cet homme qui passe son temps à sauver le monde est vraiment touchante.