Roger Corman et la production bas de gamme, c’est une grande histoire d’amour, et il y a fort à parier que, tant que le bonhomme sera physiquement en mentalement en mesure de continuer dans cette voie là, il le fera encore et toujours. 89 ans il a le bonhomme, 89 ans ! Et à 89 ans, ça le fait toujours autant délirer de faire s’affronter un requin pieuvre et une baleine loup. Oui, car c’est de ça qu’il s’agit ici, le retour du fameux Sharktopus, qui en est à son troisième volet (il est coriace le bougre !), avec en face ce coup-ci une créature défiant toutes les lois de la nature, un croisement entre une baleine et un loup qui a été créé à partir d’un humain. Oui, la drogue, vraiment, c’est mal. Un affrontement qui sur le papier s’annonce tout simplement… épique ? Dantesque ? Titanesque ? Les mots me manquent tant le spectacle qui s’est offert à moi était magnifique, le genre de bobine où tout est improbable, qui vous laisse pantois devant votre écran, constamment à mi chemin entre le sourire moqueur et l’éclat de rire soudain. Oui chers aventuriers qui vous êtes lancés dans cette chronique, Sharktopus vs Whalewolf est un grand crû, une ode au WTF dans ce qu’il y a de plus noble, un nanar de luxe. Messieurs de chez The Asylum, admirez, apprenez, Corman is THE man !


En fait c’est simple, absolument tout dans ce film vire au nawak le plus absolu, que ce soit le scénario, les dialogues, les acteurs, les idées, le tout dans un second degré permanent dès les premières secondes et qui fait plaisir à voir. Ici, on ne se prend pas au sérieux et on va donner au spectateur ce qu’il attend. Pour l’exercice périlleux que veut Corman, il fait appel à Kevin O’Neill, un spécialiste des effets spéciaux œuvrant dans le milieu depuis bien longtemps (Blade, Captain Sky, Last Action Hero,…) mais qui semble aimer se vautrer lui aussi dans le nanar entre autre animalier puisqu’il est responsable de « pépites » telles que Dinocroc (2004), Dracano (2013) ou encore Attack of the 50 Foot Cheerleader (2012). Oui, c’est un vrai titre.
Mais trêve de bavardages au final bien inutiles, et passons au vif du sujet : Sharktopus vs Whalewolf. Non mais rien que le titre ! On se demande bien à quoi peut ressembler une baleine loup… On en devient même un peu curieux quand on lance le film. Mais le début fait la part belle au fameux Sharktopus, et ce dernier s’amuse comme un petit fou. Il taquine du pêcheur, emmerde les veuves qui veulent jeter le cercueil du défunt à la mer, s’amuse à prendre une jeune fille bourrée dans chaque tentacule et à les cogner l’une sur l’autre, mange la tête d’un pauvre homme et se sert d’un tentacule comme d’un cure dent. Il ne recule devient rien, et c’est normal, parce que comme le dit le proverbe : « Si tu recules, ça tentacule ». La direction s’excuse pour cette blague de mauvais goût et vous promet que cela ne se reproduira plus. Et puis tout d’un coup, OMFG !!!! Mais… mais… mais c’est ça la baleine loup ? Par quel procédé miraculeux sont-ils arrivés à ce craquage de slip !?! La drogue ? Oui, je ne vois que ça, il n’y a désormais plus aucun doute.


Et alors qu’on croyait que le nawak avait atteint son paroxysme, voilà ti pas que notre baleine loup lève la patte pour faire pipi, veut jouer à la baballe avec une main fraichement découpée et aime faire des léchouilles à sa maitresse scientifique un peu dérangée du bocal. Mais si ce n’était que ça… Oui, parce que tout le film est comme ça… Un sorcier vaudou parlant un français approximatif cherche à contrôler le sharktopus pour renverser le gouvernement… Ce même sharktopus possède un compter Twitter (Gni ???)… De la bombasse à gros obus tortillant du derrière à s’en déformer les hanches… Un tentacule qui se fait découper au couteau électrique à rôti… Une parodie du Bachelor bien gratinée… Un sportif qui veut qu’on modifie son ADN afin d’avoir de nouveau la côte avec la gente féminine (à gros obus, c’est mieux)… Un tournage parfois en mode sauvage avec des passants en train de regarder la scène de tournage… Iggy Pop qui fait une petite apparition en infirmière… Un Casper Van Diem (Starship Troopers) en pleine déchéance cinématographique mais qui semble s’éclater en connard alcoolique qui passe la moitié de ses nuits en cellule de dégrisement…
Sincèrement, je pourrais continuer longtemps comme ça en rajoutant par-dessus tout ce qui est incohérences et autres faux raccords. Et croyez moi, ils sont nombreux, trèèèèèèèès nombreux… Et les dialogues… ils sont tout bonnement parfaits. Je ne me souviens pas avoir rigolé autant devant un nanar animalier. Et pourtant j’en ai vu des caisses (et je n’ai même pas honte). En fait, on a même parfois l’impression que Corman se moque de tous les films du genre auquel celui-ci appartient. C’est fort, c’est très fort.


Sharktopus vs Whalewolf, c’est le genre de bobine qui oscille constamment entre le nawak absolu et le complètement jouissif, repoussant à chaque scène le délire encore plus loin tout en ne se prenant jamais au sérieux et en s’assumant pleinement. Quelque part, on frôle le génie cinématographique. Oui, avec un requin pieuvre et une baleine loup… LE nanar du moment.


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cherycok
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le 26 nov. 2015

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