Sharper dispose de plusieurs personnages clés à l'intrigue, et se découpe donc en chapitres centrés sur chacun d'eux. On les voit alors se croiser et la façon dont le tableau d'ensemble les relie et les impacte. Ayant l'arnaque comme leitmotiv, on devine quelques tournures du récit. Néanmoins, Benjamin Caron assure une excellente mise en scène, habile dans son montage, au rythme juste, et surtout superbement élevée par les compositions de Clint Mansell. Sa patte est rapidement reconnaissable sur les cordes frottées dramatiques, qu'il accompagne d'arpèges de synthé anxiogènes à la Carpenter. Chaque protagoniste entraîne une esthétique différente : du New York chaleureux et romantique à sa version plus néo-noire, ou bien sa facette moderne dramatique, ou encore les environnements plus classieux de la bourgeoisie. Une ambiance troublante vis-à-vis de l’honnêteté des personnages s'installe, alors que Julianne Moore et Sebastian Stan tentent d'escroquer les grosses fortunes de la ville, entraînant dans leur jeu de dupes les plus jeunes Justice Smith et Briana Middleton. Quelques facilités dignes d'un téléfilm font un peu tiquer, et le scénario n'apporte pas d'originalité au genre. Toutefois, Caron propose un thriller précis et aux jolies ficelles, sous la houlette d'A24 et Apple TV+.