Ode to my family
Alors que l'overdose est de plus en plus souvent (et lourdement) affirmée, il est curieux de constater que le genre super continue de se porter très bien, merci pour lui. Car aujourd'hui, c'est DC...
le 5 avr. 2019
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Ce n’est désormais plus un secret pour personne : le tandem Warner Bros./DC Entertainment a abandonné l’univers cinématographique de ses super-héros lancé par Zack Snyder avec Man of Steel. Ou du moins il essaye de poursuivre la saga (un film Flash avec Ezra Miller, Wonder Woman 1984, Aquaman 2 et de nombreux spins-off…) tout en lui changeant littéralement son identité, en adoptant un ton beaucoup plus léger et ludique à l’instar de la concurrence « marvelienne ». Ou bien tente-t-il de faire des films indépendants pour poursuivre l’exploitation des personnages du catalogue de DC (reboot de Batman, The Suicide Squad de James Gunn, Joker…) ? Honnêtement, avec ces constats et interrogations, nous ne savons plus où donner de la tête en ce qui concerne les projets de la firme. Depuis la débandade de Justice League, le studio semble aller dans tous les sens possibles pour sauver les meubles. Laissant leur saga littéralement en suspens et allant même jusqu’à se lancer dans une nouvelle série cinématographique, indépendante, qui commencera en octobre prochain avec Joker. Mais si le méli-mélo se montre improbable et surtout incompréhensible, une chose est sûre : la firme a trouvé la recette du succès avec le récent Aquaman. Oui, plutôt que de proposer un super-héros sombre et torturé dans un univers fait de métaphores et de symbolismes, plongeons dans la simplicité, le kitsch pleinement assumé et la légèreté bon enfant ! Cela a fonctionné avec le super-héros aquatique (plus d’un milliard de dollars au box-office mondial). Il est donc normal que le studio décide de poursuivre sur cette voie avec ses nouveaux projets.
Et qui de mieux que Shazam pour se prêter au jeu ? Pour ceux qui ne le connaitraient pas – et pour faire court, car l’existence et la conception du personnage est tout aussi tortueuse que la saga cinématographique Justice League –, il s’agit d’un adolescent pouvant se transformer en super-héros rien qu’en prononçant son nom. Bref, un étrange mariage entre Big et Superman qui exploite la thématique déjà éculée de l’enfant dans un corps d’adulte. Un cliché de comédie mille fois vu qui peut encore fonctionner si on ne le prend nullement au sérieux. Si l’on assume pleinement ce qu’on a entre les mains. Et cela, tout comme l’a très bien fait son mentor James Wan (producteur de ses films Dans le noir et Annabelle 2) avec Aquaman, le réalisateur David F Sandberg l’a compris. En effet, plutôt que de se perdre dans une intrigue complexe et sombre, il a préféré aller à fond dans le postulat. C’est-à-dire livrer un véritable film de super-héros n’ayant pas peur du ridicule – et de la ringardise –, tout en mettant l’accent sur son aspect humoristique. Et franchement, de la part d’un projet redouté car vendu par des bandes-annonces peu accrocheuses et un super-héros totalement méconnu du grand public, autant dire que la surprise est bienvenue.
Réussie même, tant tout ce qui nous est présenté dans Shazam! fonctionne à merveille. Le côté super-héroïque du projet ? Il est tout bonnement cohérent de bout en bout. Un constat que nous devons notamment à des séquences d’action rondement menées, des effets spéciaux de bonne qualité (malgré quelques ratés visuels lors des séquences de vol) et surtout une production design aux petits oignons. C’est d’ailleurs sur cette dernière que revient tout le mérite car donner du prestige à l’univers de Shazam relevait presque du miracle. Et pour cause, l’intrigue mettait en scène un super-héros en collants flashy issus de la mythologie grecque. Un pari des plus risqués remportés haut la main par des décors soignés (le temple du sorcier Shazam en est le parfait exemple), des créatures (les sept péchés capitaux) manquant certes d’originalité dans leur apparence respective mais restant tout de même crédibles à l’écran, et le costume du héros confectionné avec beaucoup de savoir-faire (la cape en mode veste à capuche est plausible). À l’instar d’Aquaman, ce qui nous est présenté à l’écran semble kitsch, mais parvient à perdre le côté ridicule que le rendu final aurait pu avoir. Et à nous plonger sans la moindre difficulté dans cet univers au final attrayant.
Le côté humoristique ? Là aussi, les bandes-annonces laissaient envisager le pire question comique, Shazam! donnant l’impression de s’être livré à un humour des plus faciles. Et sur le papier, le film ne s’est en effet pas trop foulé pour amuser la galerie, usant de son postulat déjà vu (un enfant dans le corps d’un adulte) et des références culturelles à outrance. Mais dans les faits, Shazam! arrive à nous dérider de par son efficacité. En effet, les réparties des personnages sont dans l’ensemble bien senties, imprévisibles, assumées et même parfois moqueuses. Si certaines sont gentillettes, d’autres corrigent le tir en nous faisant rire parfois aux larmes, c’est pour dire ! Les situations y sont également pour beaucoup dans la réussite comique du titre, nous offrant un super-héros usant de ses pouvoirs de manière irresponsable et irréfléchie. Là encore nous avons du rigolo qui frise par moment avec l’excellence. Et enfin, n’oublions pas de citer la prestation des comédiens, ces derniers s’amusant littéralement comme des petits fous. Que ce soit Zachary Levi ou bien le jeune et talentueux Jack Dylan Grazer (découvert dans Ça), en passant par la bande d’enfants composant la famille d’orphelins et le toujours aussi excellent Mark Strong, ô combien crédible en antagoniste. Et si l’humour du film perd en puissance dans une seconde partie plus axée action, il arrive à switcher avec des passages bien plus intimes et émotionnels qui touchent en plein cœur (le héros recherchant à tout prix sa mère). Et cela, avoir un bon équilibre entre légèreté et émotion plus pesante, ce n’est pas une mince affaire !
Mais mise à part cette bonne recette alliant avec efficacité comique et action super-héroïque, que faut-il retenir de Shazam! ? Hélas, plus grand-chose… Car si le long-métrage se présente à nous tel un divertissement sachant aisément remplir son cahier des charges et nous amuser, il n’a rien d’autre à nous offrir. Aucune ambition, aucune recherche artistique, aucune avancée cinématographique… bref, aucune prise de risque. Les films de Zack Snyder étaient vraiment loin d’être parfaits, mais ils avaient le mérite de proposer quelque chose qui sorte du lot, différent de ce que fait Marvel/Disney. De nous présenter une nouvelle image des super-héros, beaucoup plus sombre, profonde et symbolique, voire religieuse et mythologique, de ces figures qui nous ont bercés étant enfants et qui continuent d’émerveiller les générations futures. Shazam!, tout comme Aquaman et les futurs projets de la firme, préfèrent ne se contenter que du strict minimum pour plaire. Alors oui, dans le cas des deux dernières productions Warner/DC, cela fonctionne et même très bien. Mais quelque part, il est des plus navrants de voir que ce qui fait recette en salles, c’est la banalité. Shazam! fait irrémédiablement partie de ces titres interchangeables qui plonge dans la facilité scénaristique (même trame, mêmes enjeux, même ton) pour plaire au public. Ce dernier s’y rend toujours avec autant de plaisir, mais il mérite que les studios hollywoodiens lui livrent bien plus de films comme Spider-Man : New Generation que d’habitude.
Hormis cette note plus péjorative envers le film, ne nions pas les faits : malgré sa simplicité et sa banalité qui en font un film de super-héros lambda, Shazam! est un bon divertissement. Le genre de blockbuster qui parvient à amuser la foule de par son univers, son efficacité et son aspect fun des plus agréables. Le visionnage adéquat pour passer un bon moment en salles et faire patienter jusqu’à l’événement super-héroïque de l’année attendu pour la fin du mois, Avengers : Engdame.
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Créée
le 10 mai 2019
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