La nullité congénitale de ce second volet des aventures de Shazam en dit long sur le mépris de studios américains, uniquement intéressés par la capitalisation de leurs produits mauvais pour la santé mentale des consommateurs comme le sont, pour le corps, les fast-food. Le premier film était déjà une ode à la bêtise, incapable de concevoir un décalage burlesque à la Kick-Ass (Matthew Vaughn, 2010) ou une parodie destructrice comme le faisait si bien Thor : Love and Thunder (Taika Waititi, 2022), la faute à un scénario indigent et à l’absence de mise en scène. Cette suite se complaît dans la décomplexion de ses personnages, qui jamais ne se prennent au sérieux, incarnations parfaites de l’hypocrisie profonde du blockbuster contemporain, tout à la fois gorgé d’un second degré stérile et puritain dans les situations représentées ainsi que dans les valeurs confortées. Plus rien ne semble avoir d’importance ; pourtant, on ne touche pas à la famille d’accueil et à son unité, qui doit survivre coûte que coûte. Si la séquence de destruction du pont suscite une telle indifférence, c’est justement parce que les automobilistes s’en sortent et s’en sortiront à l’avenir, aidés par leurs héros cool et des chansons utilisées de façon décalée.
Même les effets numériques, hideux, témoignent d’un défaut de savoir-faire et de vouloir-faire indécent qui devrait pousser les spectateurs à s’écarter, une bonne fois pour toutes, de ces artefacts consuméristes qui n’ont pour seule ambition que l’endormissement intellectuel – « mettre son cerveau en pause », expression à la mode mais bien terrifiante – et le placement de produits Warner Bros.