A quoi cacher que Shéhérazade elle se décarcasse ?
Agnès Caffin a indéniablement une grande qualité : ne pas se prendre pour ce qu'elle n'est pas. Ainsi, après avoir abordé la comédie romantique par un biais original dans "Le Courrier du parc", elle s'attaque cette fois à un sujet pour le moins glissant, celui du conflit israélo-palestinien, sujet propice aux vautrages en tout genre. Énormément de réalisateurs s'y sont frottés et l'immense majorité, qui par trop de manichéisme, qui par un traitement au minimum maladroit car trop partisan, s'y est piqué.
J'ai donc commencé ce film avec les pires craintes et en suis sorti plutôt soulagé et charmé. La réalisatrice n'a certes pas de l'or entre les mains, et elle semble en être consciente, ce qui donne à son cinéma un vrai parfum de modeste et de générosité. Elle a clairement le sens de la poésie et propose ici un joli récit doux-amer, ne cédant pas aux sirènes de la fable niaiseuse, trop souvent pratiquée par ceux qui décident de s'attaquer à un sujet lourd.
Et il y a ce bonheur, chacune de ses apparitions à l'écran étant définitivement un instant sublime, de voir l'une des plus grandes actrices contemporaines : Fanny Ardant.