J'avais peur que Sheitan soit une sorte de Dobermann, voire quelques chose de pire. Finalement, ce n'est pas trop déplaisant à regarder.
Les problèmes majeurs se situent au niveau du scénario. Si l'ambiance malsaine suinte dès l'arrivée du fermier, et que quelques conflits mineurs parviennent à rassasier plus ou moins le spectateur, les vrais obstacles commencent un peu trop tardivement. On sent bien les emmerdes venir, alors pourquoi faire traîner autant ? Surtout que la dernière partie est assez cool et aurait mérité un traitement plus approfondi.
Lorsque les héros arrivent dans la ferme, je me suis dit que, quand même, ça ressemblait un peu vachement à Frontière(s). Je m'aperçois que Frontière(s) est sorti après ce film-ci et surtout que Frontière(s) est beaucoup moins bien. Les films d'horreur français mettent de plus en plus en avant une jeunesse training casquette. Cela reflète un changement de société, une peur aussi peut-être. Maintenant je m'interroge. Est-ce que ces films sont vraiment en faveur de cette jeunesse ou bien est-ce un fantasme inavoué de les faire souffrir? On ne le saura jamais. En tous cas la fin de Sheitan laisse réfléchir sur plusieurs thématiques : d'abord la bonté puisque celui qui défendait la religion s'en sort en abandonnant lâchement ses amis ; ensuite sur le comportement des racailles avec ce héros con et chiant depuis le début qui décide de sauver une copine ... au péril de sa vie!
La mise en scène n'agace pas. Nous nous situons dans une sorte de farce. Tout est exagéré. Ça amuse. Le choix de Vincent Cassel est particulier. L'acteur surjoue comme pas possible et n'est clairement pas taillé pour ce rôle de gros fermier invincible. En revanche je peux comprendre le choix de cet acteur par rapport à sa gueule. Surtout quand on voit la sœur. Ça n'aurait pas fonctionné avec Jean Reno par exemple. Et finalement le jeu cabotin de Vincent fait bien rire.
Bref, un film à l'ambiance bien glauque mais qui aurait gagné à traiter plus en profondeur la dernière partie plus sanglante.