Robert Eggers, sors de ce film. Typiquement entre The Witch et The Lighthouse, j'ai adoré l'atmosphère surnaturelle qui enveloppe Shepherd. Que ce soit à travers les vues aériennes contemplatives et affligées de ces paysages insulaires écossais, dans les déambulations brumeuses extérieures ou bien dans la présence sinistre de cette épave de bateau, du phare, ou des étendues désolées à perte de vue, la mise en scène est somptueuse et s'accorde parfaitement à cette angoisse ambiante. On sent que l'esthétique a été réfléchie au vu de la composition méticuleuse des plans. Par ailleurs, la bande-son est faite de cordes frottées dissonantes et lugubres qui hérissent les sens de par le travail fait sur le sound design. Malheureusement, toute cette qualité artistique est entachée d'un scénario allégorique sur le deuil et la rédemption bien trop long pour ce qu'il exprime. En dépit des revirements sournois, il devient même bancal lorsqu'il se concentre trop sur la femme décédée du protagoniste, ainsi que son bébé. Le réalisateur veut clairement trop en faire, tout en cherchant à garder son œuvre nébuleuse, et aurait dû trouver une autre raison pour créer cette horreur psychologique et atmosphérique. C'en est décevant que l'histoire ne suive pas, tant la réalisation est soignée.