• Vous aimeriez laisser glisser cette lame.

  • Jamais de la vie, monsieur.

  • Vous êtes un lâche. Ou vous m'auriez déjà tranché la gorge.

  • Je vous jure que ça ne m'a jamais traversé l'esprit.

  • Vous êtes pire que lâche, vous êtes idiot. Vous me détestez autant que je vous méprise.




Détective Sherlock Holmes vs Professeur James Moriarty



Les Aventures de Sherlock Holmes d'Alfred L. Werker, est la seconde adaptation à prendre forme dans la série de films avec Basil Rathbone et Nigel Bruce. Un deuxième opus basé sur le personnage emblématique d'Arthur Conan Doyle d'après la pièce "Sherlock Holmes" de William Gillette. Sur un scénario d'Edwin Blum et William A. Drake on découvre à travers ce périple l'ultime adversaire du détective anglais : le professeur James Moriarty (George Zucco). Une menace d'une intelligence équivalente à celle de Sherlock Holmes (Basil Rathbone), qu'il décrit comme le « génie du Mal ». Le récit joue pleinement de cette dualité qui dès l'introduction laisse place à une narration qui pose clairement les enjeux.
« De toute ma vie, je n'ai connu qu'un homme qui mérite réellement le titre de génie du Mal : le Pr Moriarty. Pendant onze ans, il m'a échappé. Tous ses autres opposants sont morts. C'est le plus dangereux criminel qu'ait connu l'Angleterre. Sherlock Holmes 9 mai 1894. »
Une bonne manière de captiver d'emblée de jeu le spectateur qui tout à coup se trouve doté d'une véritable attente. L'histoire débute dans une salle d'audience de l'Old Bailey, où Moriarty est acquitté d'une accusation de meurtre en raison d'un manque de preuves. Holmes est arrivé trop tard avec les preuves nécessaires, essuyant un nouvel échec face à son pire ennemi. Débouche une conversation privée entre les deux hommes qui se promettent l'un à l'autre une ultime confrontation.
« - Votre cerveau est admirable. Je l'admire. Je l'admire tant que j'aimerais le présenter dans du formol !
- Une exposition intéressante. Holmes, vous venez de manquer de peu de m'envoyer au gibet. Vous seul pouvez me vaincre. La situation est impossible.
- Des suggestions ?
- Je vais vous briser, Holmes. Je vais mener le crime du siècle sous votre nez et vous n'y verrez que du feu. Cela sonnera votre fin, M. Sherlock Holmes. Et quand je vous aurai vaincu et détruit, je prendrai ma retraite. »

Le ton est donné, place au spectacle !


Les Aventures de Sherlock Holmes est un thriller policier engageant qui concentre davantage son récit sur le suspense plutôt que sur un récit d'enquête. En effet, le scénario opte volontairement pour la révélation du plan diabolique de Moriarty. L'intérêt n'est donc pas de découvrir les tenants et aboutissants du projet pernicieux du terrible professeur, mais de voir si Holmes parviendra à sortir des griffes de celui-ci. Une idée bienvenue qui permet de mettre en avant le danger véritable que représente Moriarty, et à quel point même le détective britannique le plus doué d'Angleterre se retrouve n'être qu'un pantin dansant dans la paume de sa main. Je regrette juste un manque de finesse dans l'explication du fameux plan de Moriarty, qu'il va dans les grosses lignes signifier à son majordome parce que celui-ci lui a simplement demandé.
« - Pour vous prouver ma confiance, je vais vous dire mon plan, même si vous manquez d'imagination pour en saisir la subtilité. Sa réussite repose sur la particularité du cerveau de Holmes. Son agitation permanente. Sa lutte constante pour échapper à l'ennui.
- Encore Holmes ?
- Encore et toujours, jusqu'à la fin. C'est un enfant gâté qui démonte ses jouets, mais s'en désintéresse dès qu'il en a un autre. Ce sont donc deux jouets que j'offrirai à cet esprit brillant et inconstant, dans l'ordre qui me convient. Pour commencer, cette lettre. Connaissant M. Holmes, cela l'intéressera peu. Viendra ensuite ceci, pour titiller son imagination.
- Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Je compte sur cette question pour l'absorber pendant que j'officierai ailleurs. Je lui offre un jouet de ses préférés, si plein de complications qu'il oubliera le premier jouet, cette lettre.
- Que contient-elle ?
- Les germes d'un crime. Un formidable crime. Un crime qui secouera l'Empire. Un crime qui sera dans les livres d'histoire. »

Ça a de quoi piquer sérieusement l'attention du spectateur, mais qu'un génie du Mal de son talent révèle d'une manière aussi flagrante ses secrets à un homme de main à de quoi surprendre.



Le véritable crime reste un mystère.



Découle une enquête criminelle étonnamment divertissante dans laquelle Holmes se retrouve à devoir protéger la vie d'Ann Brandon (Ida Lupino), qui se retrouve poursuivie par un mystérieux assassin. Un meurtrier que l'on sait à la botte de Moriarty mais qui pourtant réserve son lot de surprises à travers une conduite haletante. Une menace de l'ombre inquiétante savamment retranscrite à l'image par le biais d'une musique frissonnante de Robert Russell Bennett, David Buttolph, Cyril J. Mockridge et David Raksin. Un joueur de flûte anisomélique, usant d'une mélodie étrange n'ayant ni début ni fin. Un hymne mortuaire constant. S'ensuivent des séquences plus ou moins dynamique où on apprécie les moments mystérieux jusqu'au point "névralgique", situé lors d'une garden-party au cours de laquelle Holmes nous régale une fois encore de son talent à se déguiser. Ici, en tant qu'artiste de music-hall. On se régale de la qualité de la mise en scène d'Alfred L. Werker lors de la course-poursuite entre le tueur à la flûte, qui se révèle peu à peu à l'image, et la pauvre Ann. Une séquence savamment illustrée par la photographie de Leon Shamroy, associée au montage intelligent de Robert Bischoff. Du beau travail. Le point noir survient lorsque le joueur de flûte met Holmes sur la voie en dénonçant Moriarty. Holmes va chez celui-ci pour découvrir bien visible sur son bureau un livre de la ville de Londres. Dedans, un marque-page sur la Tour de Londres détenant les bijoux de la Couronne. Bingo ! Une résultante d'une simplicité étonnante qui ne cadre à aucun moment avec l'esprit soigneux et rigoureux de Moriarty. Une simple négligence grotesque qui va conduire Holmes sur ses pas. Découle une confrontation finale à la hauteur, où Holmes et Moriarty se livrent un duel sans merci.


Le casting est très bon. Basil Rathbone sous les traits de Sherlock Holmes prend définitivement possession de son personnage emblématique. Une seconde incarnation plus poussée que sa première avec "Le Chien des Baskerville" réalisé par Sidney Lanfield, où son rôle était plus en retrait. Ici il prend toute la lumière. On explore son esprit méticuleux qui ne cesse de l'emporter dans diverses expériences. Une expérimentation qui va l'amener à essayer de trouver une note musicale capable de faire fuir des mouches. Un gag amusant qui sera le mot de la fin entre Holmes et Watson. Docteur Watson joué par Nigel Bruce est toujours aussi convaincant. Il apporte une touche dramatique bienvenue en tant que personnage essayant de faire honneur au génie de son ami. Un homme faillible qui humanise Holmes. Le film commence à développer un peu plus le relationnel ironique, sarcastique et attendrissant des deux hommes. Une lecture ambiguë qui fera le sel de cette relation enflammée dotée d'un bon effet comique. Le professeur James Moriarty par George Zucco est excellent. Machiavélique à souhait, il possède une stature luciférienne appréciable. Il est regrettable de le voir d'un côté fin stratège et de l'autre purement désordonné. Une juxtaposition de caractère qui ne fonctionne pas bien ensemble ce qui est regrettable. La dualité entre Moriarty et Holmes fonctionne très bien. Ida Lupino pour le rôle d'Ann Brandon fait le taf. Une demoiselle endeuillée et persécutée qui va pouvoir compter sur le génie de Holmes pour la sortir du mauvais pas. Mention spéciale au petit nouveau venu avec le jeune majordome "Billy" par Terry Kilburn. Le reste de la distribution fait le travail avec Alan Marshal, Henry Stephenson, Holmes Herbert, Mary Forbes, E.E. Clive, Mary Gordon, George Regas, Arthur Hohl, May Beatty, Leonard Mudie...



CONCLUSION :



 

Les Aventures de Sherlock Holmes réalisé par Alfred L. Werker, est une suite convaincante mettant en avant le duel emblématique entre le détective Sherlock Holmes et le professeur James Moriarty. Une lutte cérébrale divertissante qui ne manque pas d'intérêt pour une confrontation finale à la hauteur, même si le point de bouleversement survient sur un élément impertinent faisant défaut à la logique du cortex diabolique de Moriarty.


Un second opus qui aurait pu être davantage conséquent mais qui à défaut d'être parfait livre un bon épisode de la saga.




  • Très efficace, mon cher Watson !

  • Élémentaire, mon cher Holmes. Élémentaire.

  • Hahahahaha !!!!!!


B_Jérémy
7
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le 10 déc. 2022

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