The Seven-Per-Cent Solution se propose d’offrir au détective anglais une psychanalyse gratuite, suivant l’idée qu’un héros seul et bien connu ne suffit plus à divertir le grand public. Comme Kong soucieux de castagner Godzilla, il faut que Freud vienne ouvrir la boîte de Pandore de Sherlock Holmes et extérioriser un refoulé qui, lorsqu’il advient enfin, après deux heures d’attente, s’avère on ne peut plus ridicule ! Il en faut toujours plus. Plus de personnages mythiques, plus de retournements scénaristiques, plus de registres abordés : nous passons de visions cauchemardesques dignes de la Hammer à un récit d’aventure au sein duquel Holmes, Watson et Sigmund grimpent sur le toit d’un train, défient de leur épée l’antagoniste principal, s’accrochent, se couchent à plat ventre tels des fantoches de divertissement. Tout cela sans oublier les longues, très longues, interminables discussions entre des acteurs caricaturaux : jamais Sherlock Holmes aura été aussi bouffi et impotent, quoique son escapade ferroviaire démontre in fine le contraire.
La seule qualité réside dans la mise en scène, inventive et efficace lors des séquences d’action. Car nous ne croyons jamais à cette histoire tirée par les cheveux, adaptée d’un roman, qui échoue à orchestrer une rencontre mémorable et digne d’intérêt entre deux figures du XIXe siècle. Et si partager une époque suffisait à justifier pareille entreprise mêlant êtres réels et êtres de fiction, nous serions en droit d’attendre Ysengrin volant au secours de Jeanne d’Arc ou Arsène Lupin humiliant Adolf Hitler après son putsch de la brasserie. L’œuvre de Conan Doyle constitue une matière suffisamment riche pour ne pas la dénaturer en en faisant n’importe quoi.