Documentaire de 9 heures et demie sans archives sur l'Holocauste, devenu une sorte de référence, un peu écrasante par ailleurs sur le sujet, "Shoah" est le résultat terrifiant d'une réflexion profonde : comment éviter que les images deviennent des icônes figées, mentant même si elles disent la vérité? Comment représenter un crime absolu sans traces ? etc... On n'aura donc pas d'images pour le crime effacé sur un peuple effacé. Lanzman se concentre donc sur la parole des survivants, des bourreaux, et sur les lieux du crime, reliés par l'image et le son de trains qui roulent. Et la conjonction entre le récit, la voix, les gestes des interviewés finit - de grands moments de cinéma pour qui a la patience de les attendre - par atteindre l'incarnation.
[Critique écrite en 1993]