Certains m’accuseront d’avoir surnoté aveuglément cet objet filmique, pur produit d’exploitation, insulte ou sublimation d’un concept initial devenu culte ; mais je préfère l’enthousiasme suscité par un film qui a le bon goût de ne pas savoir a priori vendre ses qualités, qu’une merde prostituant ses maigres atouts pour cacher la misère.
HARAKIRIRA le dernier ! (Je sais, je l’ai déjà faite celle là…)
Je vais pas vous pondre un roman, on parle de Shogun Assassin tout de même. Mais imaginez ma stupeur devant cette pelloche rafistolée, pur mélange de film de genre, hommage et sublimation à la fois ; un produit hybride américano-japonais débarrassé de toute complication historico-culturelles pour l’occidental tout en conservant l’exotisme et l’esthétisme guerrier l’ayant toujours fait fantasmer.
D’abord déroutant car alternant pure nanardise et moments de grâce, le film-montage de Robert Houston entraîne assez rapidement le curieux dans un récit simple —mais surtout efficace— jonché de surenchère d’hémoglobine, de dynamisme et de suspension, de scènes savoureuses (pour ne pas dire jouissive, c’est selon), de tension et de reflexion, sans oublier ces silences succédant aux coups et aux cris.
C’est tout de même assez remarquable de mêler nanardise et grâce par addition et conjugaison sans en perdre son latin ; vous me suivez ou c’est du chinois ?
Parce que du tout pourri vous en croiserez dans de ce film : du sang à la gouache, du doublage américain de film turcs, des problèmes de bruitages (absents ou étranges), du bon zoom ou dézoom violent de derrière les chaumières, des postiches à s'arracher les cheveux, des trucages de Sentaï, et j’en passe.
Mais d’un autre côté voici un concept qui a fait ses preuves (la vengeance), épuré de toutes fioritures (les dialogues sur la vengeance), et conté avec beaucoup de sagesse et de malice par un enfant (apportant donc un peu de fraîcheur au procédé de la voix off). Voici un film qui alterne tension palpable et impressionnisme, appuyé par des notes de Moog sombres et oniriques qui achèvent de le doter d’un cachet certain ; pour ne pas parler de charme. Voici un film dont vous savourerez les scènes de duels, des milliers de fois plus lisibles et dosées que celles vomies par les productions actuelles.
Ces scènes de combat mes amis, on sent qu'elles sont menées à la baguette!
Ironiquement, le film accuse un léger flottement lors de l’épisode du bateau ; cependant cette petite faiblesse sera vite balayée par la scène qui suivra, cristallisant à elle seule les thématiques de Shogun Assassin : l’équilibre entre paix et violence, innocence et crime.
S’il ne devait y avoir qu’un nanar à vos yeux, puisse-t-il être cet enfant bâtard et circoncis des Baby Cart de Kozume Ôkami. Un film aussi risible que beau, aussi violent que poétique et qui se paie même le luxe de faire un écho des plus pertinents à ses débuts dans sa conclusion.
I believe in O.F.N.I.