Un homme revient sur l'île de son enfance où il fut martyrisé dans une maison de redressement. D'emblée on est saisit par la mise en scène visuelle et sonore. Shinoda utilise le cinémascope pour montrer un territoire hostile, en l’occurrence celui de 2 îles se faisant face à face. Le vent est incessant et la mer constamment agitée. Cette nature inhospitalière traduit l’inhospitalité des habitants, leur violence, ou bien les tourments intérieurs du personnage principal. Des séquences entièrement à l'épaule correspondent à des moments de violences. Chose classique. Mais elles alternent avec des séquences en plans fixes renforçant ainsi l'impression d'être balloté. Le rythme rapide de la 1ère partie rappelle les premiers films de Shinoda. La dernière partie plus lente confronte l'ancienne victime avec son bourreau, un homme du passé en tenue militaire. Dans la maison de ce dernier, la caméra devient totalement fixe alors qu'elle suivait les personnages depuis le début. Les personnages se déplacent, s'affrontent dans un plan d'ensemble se rapprochant d'une scène théâtrale. Si elle reste passionnante, cette partie m'a néanmoins moins captivée, le changement de rythme m'a été difficile.
Fidèle à lui même, le cinéaste questionne le passé du Japon. Les jeunes vont confronter leurs parents à leur violence passée, à leur couardise. Leurs valeurs sont désuètes. La fin pose une question, où va aller cette jeunesse ? Shima Iwashita, traumatisée par la découverte du passé de son père, reste stoïque et ne sait quoi faire, alors que le héros s'en va en courant. Il va quitter l'île et quitte ainsi ce passé sinistre.