Markie Mark en redneck, ça vaut son pesant de cacahuète !
Ho ben y a le gars qui se fait violer dans "Deliverance" ! Et il est méchant vilain ! Pas étonnant, se faire entuber par des rednecks doit rendre un peu aigri, surtout si on se fait élire sénateur. "The Shooter", je l'avais vu au cinéma, j'avais pas torp accroché mais je ne sais plus pourquoi. Peut-être pour des raisons différentes d'aujourd'hui. Sûrement, même.
Ça commence assez bien. On est vite dans le ton, c'est-à-dire un film reaganien avec tout ce que cela implique comme enjeux narratifs : un héros face au mal qui se loge au sein même de la terre mère étasunienne. C'est assez évident. Tellement évident qu'il est regrettable que les auteurs se soient fourvoyés à faire croire que c'était compliqué. Surtout que le chemin narratif est fait de détour alors qu'un bon rentre dedans aurait été plus efficace. En plus, hormis quelques scènes sympas (l'introduction, le final dans la neige), il faut avouer que ça manque d'idée pour l'exécution des scènes d'action ; on est loin de l'inventivité dont Chuck Norris ou Steven Seagal ont pu pu faire preuve par le passé. Notons aussi que le film est un peu trop bavard.
Mais faisons-nous l'avocat du diable. Il y a des situations quand même diablement Z qui feront sourire les admirateurs du genre : ains, ce gadget pour faire croire qu'une personne s'est suicidée, ou encore cette motivation mémorable balancé dans un dialogue tout ce qu'il ya de plus sérieux "ils ont tué mon chien (donc je vais les tuer)", et puis quand même l'idée d'avoir des méchants qui se réunissent autour d'un feu pour pouffer de rire à l'idée qu'ils sont vraiment diaboliques, moi, ça me fait rire.
Pourtant Markie Mark s'inscrit directement dans l'héritage de cette paternité. L'acteur camaléon, capable de jouer dans tous les registres sans changer une once de son jeu d'acteur, prend un malin plaisir à flinguer tout ce qui bouge. La caméra le rend bien. Mais là aussi on peut s'avérer déçu du découpage fort convenu. Fuqua, capable du pire (Le roi Arthur) comme du meilleur (Training Day), ne parvient que rarement à faire monter la tension ; autant les scènes de sniper semblent l'intéresser, autant tout le côté explosif qui constitue 70% du film est fait sans réel engagement émotionnel. Il en résulte un découpage plan-plan peu palpitant.
Je présume qu'à la sortie du film, mes arguments devaient être que le film ne tient pas la route, qu'il est ridicule ; je pense aujourd'hui avoir creusé la question, et je pense que le film ne tient pas la route non pas parce qu'il est ridicule, mais parce qu'il manque de jusqu'au boutisme, comme si Fuqua ne parvenait pas à se décider entre le blockbuster décérébré, le nanar ridicule ou le film d'espionnage... Pas un mauvais moment, donc, mais quelques chutes de rythme qui vous rappellent que c'est pas toujours pratique de ne pas avoir de montre.