Chauffe qui peut

Faire du Jarmush c’est pas donné à tout le monde : des fois le vide, c’est pas contemplatif, c’est juste du rien à dire. Pas de la poésie. C’est la différence entre l’absence à soi et l’investissent secret du cœur qui transforme les petits rien. La qualité de silence est relative à la présence qui habite l’instant, en réalité les asiatiques le savent bien il n’y a as de vide, il n’y a que de la potentialité sur le point d’advenir, le vide et le plein est une affaire de devenir. En esthétique occidentale, les théologiens médiévaux appelaient cela des espaces génératifs, là où le mystère secret de la Création est silencieusement déjà au travail.

Entre deux flottements de fonctionnaires névrosés, Michelle Williams prouve qu’elle est une très grande actrice avec ce rôle de wasp introvertie à contre pied de sa partition de maman ensoleillée dans The Fabelsman. On aperçoit André 3000 de Outkast tjs d’une légèreté impériale, comme avec sa super presta dans le biopic d’Hendricks. Avez-vous écoutez son dernier album où il joue de la flûte? Bon sinon c’est l’histoire d’une nana mal dans sa peau, qui fait des sculptures dans le style art brut. Pas vraiment dans le lache prise d’un giaccometti ou précision et laideur fusionne comme pure présence de la sculpture à l’épreuve du temps qui passe, comme geste désespéré et sublime non, juste parce qu’elle aime bien les petites danseuses de Degas et qu’elle fait de son mieux avec la main lourde sachant que la patience c’est pas son fort. Le résultat se rapproche de ces œuvres fientesques difformes qui jure avec la noblesse de leur procédé, comme on en voit à la Fiac ou chez Perrotin avec le retour de la ceramique avec émaillage degueulasse depuis une dizaine d’année. L’équivalent cynico décalé des mecs qui font des canevas de grands mère avec des gros Hummer dans la campagne anglaise plutôt que des ti chienchiens mignons la langue pendue, j’aime bien mais il n’y aura jamais que Wim Delvoye sur le podium de mon cœur les autres sont dans le rétroviseur.

Bon bref elle a une expo bientôt, pression, mais gros bad trip, elle a des problèmes de chauffe eau. Et un frère schizo. Fin de l’intrigue. Kelly Richardt ne connais pas l’exigente densité qu’exige un haïku, pourtant elle prend 1h30 pour nous laisse avec meme pas trois lignes d’une vacuité qui interroge.

Dommage le titre sysipheen est peut être le meilleur conseil possible à donner à tout créatif, c’est pas rien, mais pas loin. Incompréhension devant l’emballement critique, peut être des artistes frustrés comme le personnage, car cette tentative d’évoquer le geste infiniment mystérieux de créer s’apparente à mettre une ventouse sur le front d’un âne et nous dire Ta-daah✨ une licorne.

Reco «  l’artiste au quotidien en prise avec la famille dévorante «  : The Meyerowitz stories de noah baumbach ou Rodin de Jacques Doillon. Y’en a plein.