Shrek le Troisième
5.3
Shrek le Troisième

Long-métrage d'animation de Chris Miller et Raman Hui (2007)

Dans mes souvenirs, c'était bien. Dans mes souvenirs.


Je me souviens encore, quand ce film est sortit, j'avais huit ans j'étais allé le voir deux fois aux cinéma, parce que j'avais adoré. Bon sang, c'était Shrek ! Et Shrek, bah c'est trop bien.


Et j'avais adoré, je hurlais de rire, et à vrai dire, Shrek 3 est sans doute celui que j'ai le plus vu.


Mais bon, quand on décide de se refaire l'intégrale de la saga, il faut aussi replonger dans son enfance, et découvrir que quand on était petit, bah on avait des goûts de chiotte !


A m'entendre (ou me lire), on pourrait croire que j'ai détesté Shrek 3, que c'était une infamie absolue et que rarement j'avais vu quelque chose d'aussi nul, et croyez-moi, ce n'est certainement pas le cas. Mais quelle déception.


J'étais tout à fait conscient que Shrek 3 n'avait plus rien à voir avec les deux premiers volets tout simplement parce que ce n'était plus les mêmes scénaristes derrière le projet. Ce n'est plus ces génies qui nous ont pondu le débat sur les oignons et le clafoutis ou l'entrée en scène mémorable du Chat Potté, ils sont parti, et laissent place à des gens comme Chris Miller...beaucoup moins compétents.


En fait, je pense que le soucis de ce film, c'est l'intention de ceux qui l'ont écrits. Shrek 3, est destiné aux ados, aux jeunes mais certainement pas aux adultes. Les deux premiers cachaient derrière un humour pipi caca irrésistible (pour moi), de véritables messages sur l'acceptation de soi et sur le regard qu'on peut porter sur les apparences. Et c'est pour moi l'occasion d'analyser comment on sert un message dans un film, spécialement quand c'est adressé aux enfants.


Selon moi, et il s'agit là, de mon avis, un message doit toujours être amené de façon implicite, doit toujours avoir recours à la réflexion du spectateur pour qu'il puisse recevoir la chose et se faire un avis, ce que faisaient très bien les deux premiers films. C'était toujours amené avec finesse et de manière vraiment intéressante (Shrek prêt à renier sa propre nature pour Fiona dans le second). Il faut que le message soit amené avec subtilité.


Mais là...non, la subtilité, tu peux t'la foutre au cul, parce qu'un à un moment Shrek nous sort « tu sais, avant, on me critiquait toujours sur mon physique, mais j'ai fini par m'accepter tel que je suis », discours repris à la fin telle une tirade finale qui résoudra tous les enjeux du film. Et cette façon d'amener ce message, c'est d'la merde. C'est prendre son spectateur pour un con comme s'il était incapable de comprendre ce qu'un film veut transmettre comme message. A moins que le spectateur soit un gosse vraiment petit, quiconque recevra le message de cette façon se sentira insulté, et c'est le sentiment que le film m'a donné. Et c'est pas très agréable, je vous le cache pas, c'est pas très agréable de se sentir insulté par un film.


Les nouveaux personnages notamment les princesses cul-cul la praline comme Cendrillon ou Blanche-Neige sont misérables, de même pour les alliés de Charmant qui sont des méchants de conte de fée tous aussi mal exploités les uns que les autres, bref naze. Mais le plus chiant de tous, ça restera cette petite raclure d'Arthur qui est... un nabot. Un p'tit con martyrisé et qui se la pète quand il découvre qu'il est Roi. Bref, un jeune con qui donne envie de le claquer.


Autre soucis que j'ai, c'est les dialogues. Oui, ce n'est plus les mêmes, et à vrai dire, ça aurait pu faire le taf si les nouveaux scénaristes ne cherchaient pas à toucher un public jeune avec des formulations de d'jeuns du genre « zy-va, ou no soucaille ». Des expressions qui font saigner les oreilles de quiconque de sensé, ajoutez à cela une caricature lourdingue des ados dans la séquence à l'université (tout bonnement la plus ennuyeuse du film).


Et encore, ce n'est qu'un détail de la catastrophe que sont les dialogues. Le vrai souci, c'est que Shrek peut pas s'empêcher de sortir des blagues de merde à tout bout de champ. L'humour de Shrek passe par le dialogue, c'est vrai, mais ici il en fait des caisses, sort toujours des blagues à deux balles, et on ne rigole pas (sauf les autres personnages du film qui trouvent Shrek hilarant).


Et dans ce film, ça ne fait que parler, il y a trop peu d'action et du coup, le rythme est horrible ! On se fait chier ! Ça parle tout le temps et quand ce n'est pas des dialogues à rallonge, on a droit à des combats vide de sens, jamais bien introduits et qui ne servent à rien (sérieux, l'intervention de Capitaine Crochet devant chez Merlin, elle n'est d'aucune utilité si ce n'est prévenir Shrek que Charmant a envahit Fort Fort Lointain ce qui en soit, ne sert à rien dans le récit). Le film a plein de longueurs, alors qu'en soit, il est ultra court, il dure à peine 1h20. Alors les scénaristes insistent sur les blagues, ils insistent sans innover pourvu que le film ne soit pas trop court et que ça fasse rire les gosses.


Mais attendez j'ai pas fini, les gars. Parce que je parlais des messages mal amenés (on a toujours les messages sur le jugement, mais mal amenés), mais y aussi des messages de merde qui se rajoutent à tout cela. Shrek fuit ses responsabilités. Toute la quête de Shrek consiste à trouver un héritier au trône après la mort d'Harold parce qu'il ne veut pas être Roi. A côté de cela, il stresse parce que Fiona est enceinte (et à un moment, il parle de «mode d'emploi » pour faire des gamins, vous parlez explicitement d'ogres qui baisent dans un film familiale), et du coup, Shrek ne veut rien. Shrek, ne veut ni gosse, ni royaume, il ne veut aucune responsabilité.


Bravo, je dis bravo. On a droit à un début de film où Shrek fait diverses activités de Roi, et on voit bien que...bosser c'est chiant. C'est quand même mieux de rester dans son marais et de rien foutre ! Et vous savez, le p'tit Arthur tête à claque qui se la pète quand il découvre qu'il va être Roi ? Dès qu'il découvre que ça implique des responsabilités, le gamin fuit ! Il fuit comme une gonzesse parce qu'il se sent incapable d'assumer ce rôle. Je veux bien croire qu'on puisse être écrasé par un tel titre, mais merde, quand tu vois l'engouement que ça lui donne de devenir Roi, et la façon dont il abandonne tout dès que ça implique des responsabilités... Merde quoi ! Le message du film est nul, surtout si ça s'adresse à des gamins !


Donc là je dis merde. Parce qu'en soi, bah je l'aime quand même un peu ce film. Il représente une part de mon enfance, mais bordel, quelle déception, quelle claque de voir à quel point c'est pas bien. Y a des passages dans le film qui sont incompréhensibles comme le moment ou P'tit Biscuit voit sa vie défiler, c'est mauvais ! Ça se voit que les scénaristes se démènent pour trouver des blagues marrantes, mais ils y arrivent pas et ça se voit encore plus. Ça se voit quand une blague se veut drôle et qu'elle y arrive pas et c'est décevant. Parce que t'as envie de rire, t'es là pour ça, mais ça marche pas. Et tous ce qu'on a, c'est de la frustration.


Shrek 3 procure de la frustration, Shrek 3 est mal écrit, mal réalisé, plein de bonnes intentions mais c'est raté ! Voilà, Shrek 3, c'est un film raté, et c'est vraiment dommage.

James-Betaman

Écrit par

Critique lue 267 fois

D'autres avis sur Shrek le Troisième

Shrek le Troisième
SeigneurAo
1

Jamais deux sans trois... Dommage !

L'exemple pour moi le plus frappant, sans doute car le plus récent, qu'il faut parfois savoir s'arrêter. Shrek 3 a su me décevoir à la mesure de la bonne surprise qu'avaient constitués les deux...

le 26 avr. 2011

17 j'aime

13

Shrek le Troisième
L_Otaku_Sensei
6

Troisième acte: la revanche de Mister brushing

Après 2 opus incontournables dans le monde gagnants au passage un très bon accueil critique et commerciale ainsi q'une notoriété sans précédent dans le monde de l'animation, avec près de 500 millions...

le 23 sept. 2016

12 j'aime

3

Shrek le Troisième
LLawliet
7

Critique de Shrek le Troisième par LLawliet

Shrek s'arrête au 2, point. Edit : Eh bien finalement, je l'ai revu, et il est pas si mal. Passable, on passe quand même un bon moment. Il faudrait toujours revoir un film 2 fois avant de le...

le 30 déc. 2010

7 j'aime

2

Du même critique

Coupez !
James-Betaman
4

Tout l'art d'être critique (ou pas)

Le principe même de ce remake avait de quoi intriguer. Ce n’était pas une première pour Michel Hazanavicius de se réapproprier une œuvre filmique afin de lui insuffler un vent de modernité (et son...

le 29 janv. 2023

57 j'aime

28

After - Chapitre 1
James-Betaman
1

Le digne successeur de 50 Nuance de Grey... On pouvait pas espérer mieux

Hier soir, je me suis couché en me disant que la nuit porterait conseil pour ma critique d'After. Tu parle ! J'ai passé la nuit à cogiter dans ma tête, cherchant un truc bien à dire sur ce...

le 18 avr. 2019

53 j'aime

12

The Kissing Booth
James-Betaman
1

La pire représentation de la jeunesse que j'ai pu voir dans un film

J'ai eu une discussion avec un ami sur beaucoup de choses, notamment sur la société et les jeunes. Cet ami, qu'on va appeler Jack, parce que ça sonne bien, m'avait livré ce qu'il considère comme...

le 15 août 2018

46 j'aime

15