Sorti en 2008, Shuttle est totalement dans la veine des thrillers à petit budget tournés en numérique sans trop d'efforts pour le marché du DTV. Effectivement, l'image est impersonnelle, la photo manque de continuité entre les séquences, et tout est filmé de nuit avec des plans bien trop sombres où la définition se fait la malle. Le mixage sonore est également laborieux, avec des pistes vocales séparées de leur environnement, et une bande-son très distante qui fait tapisserie. Shuttle est prédestiné à être mauvais, déjà dans son pitch éculé où un groupe d'ados est pris en charge par une navette à la sortie de l'aéroport, pour finalement se retrouver sous le joug d'un chauffeur psychopathe. Et pourtant, sans évincer ces défauts, ce long-métrage se révèle meilleur que ce qu'il laisse paraître aux premières minutes. Les sursauts de violence sont inattendus, et Tony Curran convainc sans mal en tortionnaire. On voit alors l'instinct de survie à divers degrés, face à la torture : de l'asservissement de certains à la rébellion d'autres, le réalisateur parvient à instaurer une bonne tension et de l’imprévisibilité. La stagnation dans le lieu de l'action, et les va-et-vient du rapport de force ne sont pas sans longueurs. Néanmoins, même si l'issue ne satisfait pas totalement les évènements, le pessimisme dans lequel s'enfonce Shuttle s'avère surprenant.