Pour ma part je ne reste pas
"Si je reste" fut l'occasion d'une expérience inédite pour moi : allez voir un film sans savoir de quoi il s'agit. Mes seules informations étaient que cela parlait de coma et que l'actrice principale était la très bonne Chloé Grace Moretz.
Bon, soyons honnête, j'ai déjà été plus inspiré dans mes choix.
J'avais parlé dans une critique antérieure de "Nos étoiles contraires" comme d'un tire-larme à grosse ficelles, mais qui fonctionnait néanmoins parce que c'était bien fait dans son genre. "Si je reste" est l'exact contraire : un gros raté niveau tire-larme, qui finit par verser dans le grotesque à force d'en rajouter.
Pourtant, cela ne commençait pas si mal : on suit la vie de Mia, jeune violoncelliste issue d'une famille assez cool de rockeurs. Les parents et le petit frère sont hauts en couleur, et le début est donc assez frais. Puis tout ce joyeux monde prend la route, et un spot de la sécurité routière plus tard, la tragédie advient, Mia est dans le coma et le film perd tout intérêt.
Le propos du film, le dilemme est censé être le suivant : nous suivons une projection de Mia qui déambule dans l’hôpital alors que son corps est plongé dans le coma, et toute l'intrigue repose sur le fait de savoir si elle va décidé de se réveiller ou de se laisser mourir, si elle en aura la volonté.
Or le film multiplie les drames pour que le choix de se laisser mourir soit (en apparence) plus simple : sa mère est morte sur le coup, son père meurt en chirurgie, et son petit frère heureusement va b... ah non finalement il meurt lui aussi. Les trois décès sont annoncés successivement, comme si ça allait crescendo, et c'est fait de telle façon que c'est tout bonnement grotesque. Tout comme la réaction surjouée et surtout très vite expédiée de Mia, agrémentée de la chute la moins naturelle de l'histoire du cinéma, déclenche plus les rires que la compassion.
Tout ceci est bancal et très mal traité (comme l'infirmière noire qui subitement se trouve une fibre maternelle pour Mia - ce qui aurait pu être intéressant - mais qui n'est ni traitée ni expliquée), pour la simple raison que là n'est pas l'élément central : c'est l'intrigue amoureuse de Mia, qui apparaît sous formes de flashback pendant son coma, qui représente le cœur du film. Oui, au final ce n'est qu'une romance dramatique adolescente très classique, et le coma n'est qu'un prétexte - raté - aux tires-larmes. En résumé on aurait pu très bien s'en passer.
Parce que du coup, la fin - spoiler au cas où, mais je ne surprendrais personne en disant qu'elle choisit de se réveiller pour être avec son amoureux - dit ceci : bon certes j'ai perdu toute ma famille, mais ça va j'ai mon petit copain encore, alors ça va. Je grossis le trait mais il y a de cela.
J'en ai donc conclut que le réalisateur devait être une collégienne de 14 ans pour accoucher d'une fin pareille, mais non apparemment le gars est un homme et il a plus de 50 ans...
Hum..