He's back !
Il a été inquiétant, s'est montré au naturel... Trois ans après Lemoine Man Show, l'ancien Médiateur d'On n'est pas couché revient sur les planches dans un quatrième one-man aussi savoureux que...
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le 21 août 2016
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Il a été inquiétant, s'est montré au naturel... Trois ans après Lemoine Man Show, l'ancien Médiateur d'On n'est pas couché revient sur les planches dans un quatrième one-man aussi savoureux que piquant.
Suite à l'arrêt de son Bureau des Plaintes en 2011, Jean-Luc avait abandonné les plateaux au profit de la scène, son premier métier. Puis, il a délaissé les théâtres pour suivre un ami de longue date (un certain Cyril H.) dans un talk-show quotidien, ce qui n'est pas sans rappeler la belle époque d'On a tout essayé. Avec Touche pas à mon poste, il se fait ainsi connaître d'un public très élargi qu'il faut maintenant conquérir sur scène sans pour autant perdre ses fidèles.
Pour montrer l'étendu de son talent artistique (qui peine à se distinguer dans le n'importe quoi de ce qui était avant une émission média respectable), Jean-Luc a choisi de reprendre ce qui a fait le succès de ses trois précédents spectacles. Et quelle excellence idée.
Grande fan depuis plusieurs années, je craignais d'assister à un best-of ponctué d'une ou deux phrases inédites. Grossière erreur puisque Jean-Luc réussit l'exploit de faire du neuf avec du vieux, modelant son ancien travail et rajoutant une bonne couche d'inédits (comptez 40% de recyclage humoristique), tout en utilisant un angle d'attaque extrêmement basique: la montée de la connerie. Simple mais efficace !
Le rythme est, lui aussi, très réfléchi. Avec son Lemoine Man Show, les sketchs n'étaient pas prédécoupés comme à l'accoutumée, l'absence de pause provoquait parfois quelques maladresses d'écriture qui cassaient le rythme. Ici, il y a une réelle volonté de dynamisme en séquençant les différences parties du one-man sans pour autant en arriver à un classique découpage sketch par sketch. Dynamisme amplifié par une interaction constante avec le public, comme une véritable volonté de rencontrer celles et ceux qui remplissent ses salles (il est assez rare d'avoir un artiste professionnel aussi accessible, et aux qualités scéniques s'ajoutent celles d'un homme adorable, toujours prêt à discuter avec ses spectateurs après la représentation, et celles d'un sniper hors-pair qui n'hésite pas à vanner sans tomber dans la méchanceté gratuite).
Petit détail mais il est important de constater un gros travail sur la lumière, notamment autour d'un personnage emblématique: le psychopathe. Présent dans tous les spectacles, il a la capacité de devenir vert (oui, comme Hulk ou le Géant Vert) sur commande. Pourquoi vert ? Parce qu'au cinéma, le vert représente traditionnellement l'étranger, ce qui fait peur. Ou tout simplement parce qu'il s'agit de la couleur fétiche de JLL, d'ailleurs il y a du vert sur toutes les affiches de ses spectacles. Où en étais-je ? Ah, oui, le psychopathe qui devient vert. Un soin particulier a été apporté à ce petit effet spécial (certes très modeste), le nouveau dispositif marquant mieux les contours. Oui je chipote, mais c'est beau un tel art du détail !
Il serait long de lister toutes les qualités de ce spectacle, alors en vrac soulignons une mise en scène subtile (orchestrée par Etienne de Balasy), un ton grinçant à travers une écriture corrosive qui peut être perçue à plusieurs degrés de lecture, une fluidité permanente dans le jeu (Jean-Luc est un excellent comédien et il nous le montre !), une réelle cohérence dans les sujets traités... Comment quelqu'un qui se revendique fièrement comme représentant des "losers" peut-il faire un travail aussi réussi ?
Et comme si cela ne suffisait pas, Monsieur retravaille régulièrement son spectacle, au point qu'on peut le voir plusieurs fois, savoir exactement quand telle vanne va arriver, et parvenir malgré tout à être surpris(e) et à éclater de rire grâce à de nouveaux détails (un mois s'est écoulé entre les deux dernières dates auxquelles j'ai assistées et déjà y avait-il de nouvelles petites surprises !). Elève assidu, espérons néanmoins que "JLL" dépoussière quelques gags qui ne fonctionneront peut-être plus d'ici peu. Nul doute qu'il saura encore nous surprendre.
Et si vous ne pouvez pas le voir en salle, vous n'avez aucune excuse pour passer à côté du DVD, la captation (signée Gérard Pullicino, rien que ça !) est très réussie: les cadres sont soignés (ce qui est presque rare dans ces conditions de filmage), le recours à un cadrage serré permet de capter bien plus efficacement les expressions faciales et corporelles, et tout ceci est joliment montée. Regrettons tout de même la faiblesse des bonus, mais là je chipote vraiment.
En somme, Jean-Luc est un humoriste écolo: il adore le vert et manie le recyclage à merveille. Si vous connaissiez déjà son travail, nul doute que ce spectacle vous plaira. Et si vous avez manqué le début, il est encore temps de vous rattraper.
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le 21 août 2016
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