30 ans après l'immense fresque soviétique "Sibériade" d'Andrei Konchalovski, ce film retourne au fin fond de la Russie dans une région qui semble toujours hors du temps et où la loi reste surtout celle de la nature, avant celle des hommes.
Son réalisateur est un enfant du pays, on ne s'étonnera donc pas de la justesse de ton de ce film aux décors sauvages et aux paysages sans fin. L'isolement est évidement au cœur du film, chaque personnage ne pourra compter que sur lui-même face aux innombrables dangers qui hantent la région (le froid, les loups, les brigands, la faim, les abus, l'alcool, etc...).
Un film sombre, où l'avenir ne semble pas près de changer, qui contredit le message du film de Konchalovski de l'époque, teinté de propagande à la gloire de la modernité soviétique prête à conquérir et civilisé cette région isolée. Le cinéaste fait ici le constat, que l'utopie communiste de l'ère soviétique n'a jamais atteint cette région, qui vit toujours comme au farwest.
Un film à la production compliqué. D'abord écrit en Europe, grâce à divers soutiens à l'écriture, puis un tournage compliqué en 2008, interrompu par une crise financière et qui ne se terminera que grâce à la ténacité de quelques techniciens dévoués au film. Et enfin un soutien français inattendu de Luc Besson, qui ouvrira ses studios pour la post-production du film.
Malgré la chute du rideau de fer, le cinéma russe (pourtant centenaire), n'aura depuis, pas eu beaucoup de représentants en Occident, alors ne loupez pas ce film rude, mais dépaysant.