Sibérie, Monamour par Queen-Bitch
C'est à Paris, lauréat du programme Résidence du Festival de Cannes 2005, que le réalisateur russe Slava Ross a commencé à écrire Oubliés en Sibérie, le scénario de ce qui deviendra Sibérie, Monamour. Un film qui a mis du temps à mûrir et que l'on vous encourage à découvrir.
Sibérie, mon amourSibérie, Monamour est un film venu du froid, du très très froid. Dans un hameau abandonné, Monamour justement, le jeune Lyochka et son grand-père sont les derniers habitants qui refusent de rejoindre la ville. Ils attendent le retour du père de Lyochka, vraisemblablement mort dans une rixe. Autour de la leur gravitent plusieurs histoires, des histoires de survie, dans ces plaines sibériennes guère accueillantes. L'oncle de Lyochka vient leur apporter de la nourriture régulièrement, malgré le danger et les disputes avec sa femme, des pilleurs volent les maisons abandonnées, à la recherche d'icônes et autres objets religieux de valeur, deux soldats cherchent une prostituée pour leur général... Et toujours les chiens errants rodent dans la forêt, menaçant de dévorer toute forme de vie, véritables loups pour l'homme.
Sibérie, mon amourLe pitch de ce film peut résonner hautement misérabiliste, pourtant ce n'est pas du tout le regard que le réalisateur Slava Ross porte sur ses personnages. La question qui est posée, simplement, c'est la place de la charité, de la compassion, de l'humanité, dans un environnement si hostile qu'il force l'individu à sombrer dans la noirceur pour survivre. Dans ce contexte extrême, Dieu représente l'unique salut, garder le lien avec Dieu est l'unique moyen de survivre et c'est que fait le grand-père de Lyochka, farouchement attaché aux rituels, aux prières, à son icône.
Le travail d'écriture a été très long, et ça se voit. Le récit est très intelligemment écrit, les fils savamment tressés. Les personnages se rencontrent, les histoires se croisent à mi-chemin entre destin et hasard. Le réalisateur nous ballade d'un personnage à l'autre avec adresse et maîtrise, et au final chacun trouve sa place dans ce scénario complexe.
Sibérie, mon amourSibérie, Monamour c'est aussi une déclaration d'amour à la Sibérie, dont est originaire Slava Ross. On sent son plaisir à filmer des paysages sauvages, rudes mais beaux. La Sibérie est presque comme une beauté fatale, on se perd, fasciné, dans ses beaux yeux, et l'on n'en ressort pas indemne.