Encore un film qui porte le prénom de son anti-héroïne.A part que Sibyl n’est pas Victoria. Femme forte en apparence, la jeune psy voulant arrêter de consulter pour écrire, va retrouver les démons d’un passé qui la hante déjà. La circonstance d’une jeune actrice en détresse ( lui rappelant sa propre vie) et un tournage apocalyptique achèveront de la remettre face à elle-même.Ce qui est intéressant, c’est l’arc du personnage de Virginie Efira qui passe de secouriste à victime de ses certitudes sur son nouveau choix de carrière et sûre d’être en contrôle sur sa façon d’écrire entre réel et fiction ( en faisant ponctuellement intervenir la thérapeute).Quelque part, Sibyl a oublié ses propres failles pour surnager dans la vie ( ce que voient heureusement son compagnon actuel et son collègue psy) et se réinventer au-delà du raisonnable. Justine Triet, en continuant de ne pas baliser son histoire, confirme son style mais change son point de vue.Décider aussi de filmer un tournage galère est une mise en abyme de son métier de réalisatrice partagée entre l’aboutissement artistique et les états d’âme des acteurs ( si ce n’était que cela). Ici, Sandra Hüller(Michaela) est un double contrarié de Triet partagé entre efficacité et humanité.On ressent la même ambivalence que chez Sibyl,ce même conflit intérieur où force et failles se télescopent et assez logiquement les deux femmes aux caractères proches ne se rencontrent jamais véritablement. Triet suggérant au passage que les différences s’attirent plus que les similitudes ( la relation Gabriel/Sybil se retrouve ainsi copié-collé sur le couple Margot/Igor)Avec intensité, bouleversements chez ses personnages et réflexions acides ( la sœur de Sibyl entreprenant sa nièce sur le pouvoir qu’elle peut avoir sur sa mère entre autres), la réalisatrice désarçonne le spectateur, le remue et interroge sur l’importance de nos suggestions personnelles dans la vie.On ressort donc de Sybil assez sonné mais reconnaissant de l’honnêteté de l’entreprise malgré des détours éreintants. Un film à ne pas faire visionner à quelqu’un de fragile, déprimé car cela pourrait le mettre encore plus mal.