Ethic Fail
La loi des séries peut avoir du bon : le spectateur a tellement été habitué à voir des suites décevantes qu’il met souvent toute forme d’attente en sourdine, au point de se ménager la possibilité...
le 31 oct. 2018
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Je suis un fan de la trilogie des Frontières Modernes de Taylor Sheridan. Cet acteur, scénariste et réalisateur a fait de cette saga une véritable satire de la société américaine alors en pleine mutation avec l'élection de Donald Trump. Et pour cela il a écrit 3 films que je vous recommande et qui sont tous les 3 des films coup de poing. Le premier était l'excellent Sicario du célèbre Denis Villeneuve. Première claque de la saga et ma porte d'entrée dans un cinéma que je voyais à l'époque de loin mais dont j'attends la prochaine sortie avec impatience. Le second était l'excellente surprise Comancheria de David McKenzie. Un western moderne avec une mise en scène excellente et crue mais assez proche de Denis Villeneuve et vraiment intéressant et haletant. Le 3e est réalisé par Sheridan lui-même, à savoir Wind River, que je trouve moins bon que les précédents mais quand même très pertinent dans la situation des enquêtes policières menées dans les réserves indiennes. Donc oui. Sicario parlait des frontières entre les Etats-Unis et le Mexique, Comancheria, des frontières sociales et Wind River, des frontières entre l'Amérique et les Amérindiens. Bref, 3 films avec de vraies pertinences. Et puis on a eu la nouvelle qu'il va faire une suite à Sicario. La raison est très simple : Money, Money, Money !!! Du coup j'étais très réticent. Finalement, je l'ai vu sur le tard, ce film sans Emily Blunt (devenue une mère silencieuse dans Sans Un Bruit ou réincarnée en femme au pair Disney), ni Denis Villeneuve mais avec Stefano Sollima. Au final le film n'est pas mal, mais franchement dispensable.
Sicario 2 n'est pas un mauvais film. C'est juste un film pas pertinent. Je comprends l'intérêt de creuser le personnage de d'Alejandro Gillick, mais j'y reviendrais. Il faut reconnaître que le réalisateur n'est pas à son coup d'essai de faire des films d'action à la Sicario (il a réalisé avant Suburra et il est l'un des réalisateurs de la série Gomorra). Et sans singer le style de Denis Villeneuve, le réalisateur a réussi à restituer l'ambiance de Sicario. L'aspect action et thriller est sympathique mais manque de mises en scène marquantes et aussi de rythme. Cela vient du faite que le film devient aussi un road movie en plein milieu. Cela dit, malgré une intrigue aussi complexe que le précédent, on arrive quand même à suivre les enjeux et ça c'est bien. En revanche, le film suit en parallèle 2 trames dont on ne voit pas pourquoi elles devraient être connectées. Mais ça aussi on y reviendra. A la musique, on n'a plus Johan Johannsson (puisqu'il est décédé, vraiment R.I.P), mais la violoncelliste du précédent , de The Revenant et de Premier Contact, Hildur Guðnadóttir. Elle arrive à restituer l'ambiance sonore du premier Sicario, mais ne fait que restituer l'ambiance sonore .Cela dit, le son est vraiment incroyable et que si elle arrive à composer un super score pour le film Joker, on pourra vraiment dire que la relève est assurée. Quant aux personnages...il y a un soucie.
Déjà on va passer sur les 2 personnages centraux à savoir les 2 acteurs d'Infinity War : Benicio Del Toro et Josh Brolin. Ils sont toujours aussi charismatiques dans leurs rôles respectifs de Alejandro Gillick et Matt Graver. Le problème avec les personnages est que non seulement ils sont tels qu'on les connait, mais le film ne les creuse pas assez. D'ailleurs, il y avait des rumeur comme quoi le deuxième Sicario aurait du être un préquel au premier film. Sauf que là on a une suite qui se centralise plus sur eux, mais ne creuse pas plus les personnages. Ok Alejandro est plus paternaliste et Matt est cette fois bien présent...Mais voilà, nous faire du Logan avec Sicario, on aurait espéré plus. En plus spoiler...es-ce qu'on peut survivre d'une balle tirer dans la tête et qui traverse les joues ? Et après qu'on arrive à défoncer les bandits ? Oui, il y a ça dans ce film. Ok Alejandro est plus humain et sa relation avec Matt n'est pas si cordiale mais bon.
Les autres personnages sont ...présents. La première personne qu'on voit est le petit ado Miguel Hernandez (Elijah Rodriguez) qui n'est qu'un petit délinquant qui veut devenir caïd. On le voit faire ses trucs mais il ne se lie que tardivement à l'intrigue. Ensuite on a Cynthia Foards (Catherine Keener, alias la terrifiante Miss Armitage de Get Out et la voix d'Evelyn des Indestructibles 2 ) qui est là une relation voulant tempérer les actions de Matt.
Le 3e personnage important est la fille du baron de la drogue du cartel Reyes, Isabela (jouée par Isabela Moner, alias la future Dora l'Exploratrice live...on aura un Dora l'Exploratrice en version live...). C'est X-23. Elle parle mais dans le personnage c'est X-23.
Et c'est là que je vais pointer du doigt la non pertinence du film. L'intérêt du précédent et c'était vendu comme tel était le personnage d'Emily Blunt. Le fait qu'on avait une agente du F.B.I qui découvrait une réalité vraiment crue près de la ville de Juarez au Mexique. C'est une constante de la saga entre le policier indien cool de Comancheria et la débutante Elizabeth Olsen dans Wind River. Ces 3 personnages découvraient un monde auquel ils ne sortaient pas indemne. Kate Macer avait perdu tout contrôle de la situation dans Sicario voyant qu'elle n'avait pas sa place. Alberto dans Comancheria est malheureusement mort alors qu'il était sensé être la relève de Jeff Bridges. Même Jane Banner dans Wind River se sentait malheureusement honteuse de ne pas avoir réussi selon elle à s"imposer et survivre. Ici là, ça marche bien moins car les personnages d'Isabela et Miguel vivent une réalité qu'ils connaissent et se sont préparés. Et sont aussi plus secondaires qu'Alberto donc pas intéressants. Il n'y a plus de personnages points de vue. Mais en même temps, vue que c'est un univers qu'on connaît, ils n'ont pas jugé bon d'avoir d'autres personnages points de vue mais c'est ce qui apportait un vrai plus à la saga.
Le film parle d'une opération menée par Matt Graver afin d'anéantir les cartels mexicains qui vise à provoquer une guerre de 2 factions rivales. Ainsi Alejandro en sa qualité d'électron libre enlève la fille de Reyes Isabela afin de l'introduire aux Etats-Unis. Comme je l'ai expliqué plus tôt, le film malgré les multiples embranchements se suit bien. Elle n'est pas percutante mais reste bien écrite. Le problème est qu'on est plus focalisé sur la trame d'Alejandro que sur Matt ou Miguel qui pourtant sont des éléments clefs de l'intrigue, sauf qu'ils sont dispensables. Même à la fin au final, tout est résolu de manière très confuses.
A la fin, à cause de la dénonciation de Miguel, Alejandro a été pris au piège par les trafiquants alors qu'ils devaient passer la frontière mexicaine, le chef demande à Miguel de tirer sur lui, il le fait en le blessant à la joue. Les trafiquants capturent Isabella mais peu après ils sont décimés par Matt et ses hommes et ce l'agent prend la fille pour la mettre dans le programme de protection des témoins. Finalement Alejandro a survécu et tue tous les bandits qu'il croise. 6 ans plus tard, il retrouve Miguel devenu un caïd et il demande à ce dernier de devenir comme lui, un Sicario.
Je n'ai absolument, rien compris à cette fin. Le film tire dans tellement plein de direction que je me demande pourquoi Taylor Sheridan n'a pas voulu faire plus simple. Ok, au niveau de la dénonciation cela se tient mais c'est tellement alambiqué que cela fait perdre en pertinence le peu d'intérêt qu'on a au film et c'est dommage parce qu'à défaut d'être un film qui a vraiment sa place dans la saga, on aurait un divertissement tout ce qu'il y a de plus digne mais non.
Au final, Sicario 2 n'est pas mal. Il demeure une suite certes commerciale du premier film mais avec une ambiance vraiment prenante et qui mise bien sur les personnages appréciés. Le problème est qu'il est vers la fin inutilement complexe, manque de rythme et surtout dispensable. Mais bon, les soldats sont immortels n'est-ce pas ?
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Créée
le 5 nov. 2018
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