Envisager, dès sa sortie, une suite au magnifique Sicario semblait un rien présomptueux. Idée lumineuse, plan foireux ou coup marketing, le projet bénéficiait a priori d’atouts solides, assez solides en tout cas pour supporter la comparaison avec le film de Denis Villeneuve, déjà un classique dans son genre : Taylor Sheridan de nouveau au scénario, Stefano Sollima à la mise en scène et la présence quasi indispensable de Benicio del Toro et Josh Brolin, l’absence d’Emily Blunt étant assumée par Sheridan lui-même ("Je n’arrivais pas à trouver une façon d’écrire son personnage qui rendrait justice à son talent d’actrice").


Il est donc toujours question de cartels mexicains sanguinaires et d’opérations clandestines manigancées par le gouvernement américain, motivées cette fois-ci par deux facteurs on ne peut plus dans leur époque : terrorisme islamiste et trafic de migrants (la cocaïne ne rapportant visiblement plus assez). Deux arcs narratifs structurent l’intrigue (l’enlèvement d’Isabela Reyes, fille du baron d’un des plus puissants cartels mexicains, et l’ascension criminelle de Miguel, jeune sicario en devenir) et finiront, comme dans Sicario, par se télescoper en fin de parcours. Sheridan cherche clairement à proposer une nouvelle histoire qui éviterait la séquelle attendue, ancrée dans une actualité plus que bouillante, mais qui n’échappe pas à un sentiment de déjà-vu dans sa lourde machinerie scénaristique (même la scène de l’attaque du convoi, aussi impressionnante soit-elle, rappelle beaucoup trop celle à Juárez dans Sicario).


Sollima, de son côté, ne se contente pas de livrer une pâle copie du travail de Villeneuve, et même si cette suite reprend la plupart des codes esthétiques posés par le premier volet (réalisation à l’os, lumière aride, violence sèche et musique sourde), cette Guerre des cartels a suffisamment de qualités et de caractère pour asseoir son entière légitimité. La dernière partie, sorte de road trip en terrain hostile, se plaît même à révéler une certaine part d’humanité et de vulnérabilité dans le personnage-clé d’Alejandro (del Toro, égal à lui-même) tout en préservant son côté opaque de tueur impitoyable (c’est ce qui le rend évidemment intéressant). Certes, l’effet de surprise s’est émoussé, mais la brutalité, l’efficacité de ce Sicario-là finissent par prendre aux tripes et présagent du meilleur pour le prochain (et inévitable) chapitre.


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mymp
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le 4 juil. 2018

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