Quand on regarde un Michael Moore il serait difficile de ne pas apprécier la forme et sournois d'oser lui faire un reproche sur ce point.
L'aspect négatif c'est que ses films prennent par les sentiments, on est fortement dans du pathos, ça reste son choix de réalisation pour son documentaire mais on sait surtout qu'il ne garde que les points servant à assurer son discours et ça d'un point de vue déontologique c'est loin d'être le top.
Pourtant on peut se poser une question : Ses critiques, qui au final marquent et participent souvent à changer les choses, justifient-elles les moyens employés pour y parvenir ?
C'est une réponse à avoir au cas par cas mais dans celui de Moore j'aurais généralement tendance à répondre que oui.
Les USA quoi quand pensent bon nombre de ses concitoyens n'est pas le meilleur pays du monde, on en est même loin. Ici le réalisateur a plus simple à réunir les Américains, contrairement à Bowling for Colombine ou Fahrenheit 911 car selon un sondage de l'époque, 3 sur 4 n'aiment pas leur système de santé et c'est bien le thème du film.
Le film est "agréable" dans le sens où on ne s'ennuie pas et que l'étonnement est plutôt grand pour chaque scènes, à commencer par la première séquence qui entre en force montrant le doigt, si j'ose dire, sur le problème. Un Américain qui s'est coupé deux doigts, l'opération était tellement cher qu'on lui a vite dit qu'il n'avait pas assez d'argent pour les deux, en romantique il a choisi son annulaire. Et on aura droit à une succession de ce genre de scènes. La plus hollywoodienne c'est le départ de Moore embarquant avec lui les personnes qu'il aura, et qu'on aura à travers le docu, rencontrées qui ne peuvent subvenir à leur besoin en santé, qui se sont fait exclure du système des assurances ou autre pour aller dans l'endroit le mieux soigné des USA, Guantanamo. Pressions internationales obligent. Bien sur il se fait vite barrer la route et les images sont remplacées par un texte et un drapeau d'aigle américain signifiant sécurité d'Etat, il ne pourra aller plus loin ni nous le montrer. Alors tant qu'on est là, pourquoi ne pas voir le reste de Cuba et... OH inattendu, la médecine y est intégralement gratuite. On est bien soigné, les médecins sont compétents et on a pas de factures quand on rentre à la maison. On ne vous demande pas non plus si vous êtes assurés. Pourtant fait-il pour autant bon vivre à Cuba ? Moore ne se pose pas la question, pas dans documentaire en tout cas. Et c'est ce qui est bien dommage pour Sicko, ne pas aller plus loin, une vision tronquée du monde. Si les USA ne sont pas le meilleur pays du monde, conféré le premier épisode de la série Newsroom, Cuba ne l'est pas non plus. Cela confirme bien mes idées de jeune con qui priment que, selon moi, la "bataille" gauche droite se doit de toujours exister pour être dans un pays démocratique digne de cet adjectif.
Mais les soins de santé ne sont pas seules émissent dans les propos, on retrouve également l'enseignement et la politique familiale (allocations, complément familial,...) qui selon lui devraient être public, financées par l'Etat. Et il a bien raison. Seulement aux USA dès qu'on parle de nationalisation, en pense à gauche, on pense communisme, au rouge, au sang, à la mort, à la dictature,... Comme si les dictatures ne pouvaient être que de gauche. Et Pinochet ?
La guerre froide aura surement surmené les cerveaux de la majorité des Américains et ses principes restent finalement toujours ancrés. Si l'ennemi n'est plus la Russie, le communisme représente toujours le mal.
Et les choses vont prendre du temps avant de changer, Barack Obama au pouvoir en est un bon exemple. Au moins, avoir un président black aura changé certaines mentalités, c'est déjà pas si mal. Et ce que cela valait son prix Nobel pour la paix ? Nixon a arrêté le Vietnam il n'en reste pas moins l'un des présidents américains des moins appréciés par son peuple et il n'y a pas eu droit à son Nobel. Si on distribue les Nobel de la paix comme on donne des Oscars, où va t-on ?