Sidonie au Japon annonçait dès sa bande annonce une ambiance à la fois contemplative et décalée. C’est effectivement le cas mais c’est ce qu’on apprend sur le personnage de Sidonie qui fait le sel de l’action ; à savoir qu’elle revient sur le devant de la scène littéraire au Japon grâce à une lettre écrite par un éditeur du pays. Tout est dans ce détail scellant, au delà des apparences, le début de la relation entre la femme de lettres et cet homme.Les scènes en commun de Sidonie et Kenzo permettent au spectateur de voir ce qui les unit ( le deuil d’un compagnon pour elle, des deuils douloureux dans sa famille pour lui, ainsi que des relations mal digérées avec leurs conjoints respectifs). La compréhension vers la douleur de l’autre et leur délicatesse constituent de beaux moments de partages entre eux malgré les ballets dans les hôtels et les tournées de dédicaces. Par contre,le fait que ces deux personnages soient des taiseux, que le rythme du film est inexorablement lent, que le prétexte du fantôme du mari de Sidonie ( malgré sa nécessité d’avoir ce dialogue qu’elle ne put avoir avec lui) prend une place particulière dans cette histoire sont à eux seuls des limites faisant que l’exposition peut parfois sembler monotone et monocorde. L’intérêt du film est quand même aussi dans cette confrontation Occident/Asie où les colères de Sidonie détonnent au pays de la politesse et du calme apparent. La destination aura été un nouveau départ pour Sidonie comme il peut être un sas de décompression pour son éditeur en quête d’un meilleur équilibre.Je pense qu’on peut retirer de bonnes choses du film de Céline Girard tout en ne trouvant pas une adhésion complète à ce qu’elle propose. C’est l’essentiel.