Tout comme le personnage principal oscille entre croyance et réalité, nous spectateur tanguons entre ennui et passion.
Ennui malheureusement... Car le film repose principalement sur les tourments internes de jeunes prêtres portugais, arrivés au Japon dans le but de poursuivre l'évangélisation de ce peuple bouddhiste. Eux qui prônent l'amour se retrouveront confrontés à la haine et à la torture. Et, devant le silence de Celui qu'ils vénèrent, douteront de leur mission. Difficile, en 2h40, de maintenir l'attention du spectateur sur ce cheminement interne et personnel, pourtant très bien interprété par Andrew Garfield. Son personnage, pénétré par la foi, ne peut que nous fasciner.
Passion : les dialogues sont d'une richesse incroyable. Scorsese intellectualise la foi chrétienne et nous laisse débattre à ses côtés, avec les autres personnages. D'un côté, les prêtres portugais, sûrs de leur mission divine. De l'autre côté, l'Inquisition, qui souhaite protéger la culture japonaise. Et entre eux, les kishihistans, ces fermiers convertis au christianisme, fervents croyants du paraiso. Les débats entre eux sont riches, il est plaisant d'écouter leurs arguments, de distribuer les points d'un camp à un autre. C'est à nous d'être ouverts d'esprit, d'apprendre de chacun. C'est sûrement ce qui aurait évité un bain de sang...
J'en reviens à Andrew Garfield, bluffant. Sa prestation est à saluer. Tout comme la patte de Scorsese, il a su montrer les paysages d'un Japon ancestral, vierge et donc beau, comme le cœur des protagonistes.
Un détail qui m'a chiffonnée : quelques plans hasardeux et déroutants, qui donnent le tournis. Mais, surtout, le fait d'avoir remplacé le portugais par de l'anglais. On se fait avoir sur ce coup-là, le film perd en crédibilité ! Parce que, justement, ce sont les moments de silence qui sont intéressants. On se pose, on respire, on affûte nos sens dans l'attente de la suite. Le silence est bien maîtrisé le film mérite bien son titre !
En deux mots : interminable et silencieux.