[...]SILENCE n'est pas un film sur la religion ou sur l'histoire, c'est un film qui balaye les mauvaises raisons de croire et qui sanctifie la foi comme une transmutation de chaque instant dans la grâce. Que ce soit les jésuites persuadés de détenir une vérité absolue, les japonais qui utilisent la foi comme outil politique ou les miséreux qui ne cherchent qu'un paradis après la mort, il n'y a qu'une seule façon de transcender la condition humaine, c'est dans ce que les chrétiens appellent la grâce et les bouddhistes le nirvana. Il n'y a en fin de compte qu'un seul but à atteindre, et des dizaines de religion pour y arriver. Et derrière la notion de religion, il y a celle de civilisation et de surtout de langage : le christianisme est lié au Verbe, c'est l'incarnation du Verbe. On ne peut pas "traduire" une religion, on ne peut pas exporter une religion dans le sens où l'attachement du culte à la foi est métaphysique : c'est tout le propos du discours de Liam Neeson, et c'est ce qui va précipiter Garfield dans la tristesse car il ne pourra plus être un chrétien chez les bouddhistes, ou plutôt sa foi chrétienne ne supportera pas la civilisation et la langue japonaise. On ne peut être prêtre que dans son Eglise.[...]
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