Un cinéaste plus préoccupé par son absolution publique pour se faire une place au paradis que de tenir son public éveillé, c'est pas très charitable
Scorsese évide le roman original de son questionnement philosophique sur l'icône, la croyance, et la xénophobie (certains contradicteurs
diraient ici 'protectionnisme), pour nous entraîner in fine dans une expiation personnelle assez grotesque en compagnie d'Andrew Garfield. La star du reboot de la franchise Spiderman et du dernier carnage pro-religieux de Mel Gibson décide de se mettre à la Methode, perd 20kg pour le rôle et se déshydrate par torrents de larmoyage à chaque plan pour exprimer sa crise de foi, résolument décidé à obtenir une nomination aux Oscars. Evidemment insupportable. Je ne m'étais pas endormi au cinéma depuis un sombre film de Soukhorov il y a 10ans.
En fin de carrière, le cinéaste livre ce projet fétiche qu'il murissait depuis plus de 20ans (c'est long), sur 3h20 (oui, aussi), dont la seule ambition semble être de confesser au monde entier qu'en fait même s'il prenait de la coke et vivait dans le péché, s'il faisait des films ultraviolent absolument impies, eh ben il avait dieu dans son coeur tout le temps en le faisant en fait. Et ça c'était important de le dire, ou plutôt de nous le faire subir, au point que le film interminable semble avoir pour seule raison d'être le final de quelques minutes, où Martin s'identifie (SPOILER)
à Liam Nesson qui en fait n'avait jamais renié sa foi, puisqu'il avait gardé un petit médaillon de notre seigneur jésus christ caché dans sa doublure, éfigie interdite par le shogunat, lors d'une métaphore autobiographique crématoire où Liam rôti dans un tonneau au lieu de se faire enterrer (han!).
Le film a le mérite de donner aux cinéphiles l'envie de découvrir l'adaptation originale (par l'auteur du livre en plus) du film brutal et provocant de Masahiro SHINODA. Bien plus hardcore et insupportable, le film choisissait une étude des passions humaines avec sa conclusion imparable sur l'hypocrisie des hommes de dieux, plutôt que ce faux pamphlet décevant et bigot.
Avec tout ce que tu as fait pour le défendre, Martin...tu sais bien qu'un seul Dieu tu adoreras, et le tien s'appelle cinéma!