Quand Bassett coule un bronze sur Silent Hill
Lorsque j’avais posté ma critique du film réalisé par le talentueux Christophe Gans, j’évoquais mes craintes quand à la seule vue du titre du film. Outre cet horrible patronyme faisant référence à tous les pires films d’horreur en 3D sortis depuis la mise en place du système, j’avais surtout la crainte de voir le travail effectué par celui-ci souillé à jamais. Six ans il aura fallu pour que ce second volet voit le jour. Six ans pendant lesquelles Michael J. Bassett s’est probablement acharné à couler le plus gros bronze possible sur la série.
Beaucoup critiquent la série Resident Evil pour son manque profond d’intelligence ou de réalisme ou même de respect tout simplement. On ne va pas trop les blâmer pour ça car ils n’ont pas complètement tort. Malgré tout c’est une série prenante et amusante par son côté actioner/zombie. Mais Silent Hill c’est bien différent. C’est une trame de fond et des personnages récurrents qui servent de fils conducteurs à un voyage initiatique à travers l’enfer pour le héros ou l’héroïne. Ici l’épisode mets donc en scène la jeune Heather, de Silent Hill 3. Déménageant de manière incessante avec son père depuis les évènements du premier film, la voilà prise à nouveau dans la toile de la ville. Outre le fait que l’histoire est assez bien introduite malgré sa trop grande simplicité et ses raccourcis faciles, c’est toute l’ambiance de la série qui se retrouve ici complètement épuisée.
N’y avait-il plus aucuns moyens de présenter l’univers d’une façon originale ou immersive ? Christophe Gans aurait-il épuisé toutes les bonnes idées dans la mise en scène ? Peut-être bien, mais alors pourquoi ne pas s’en inspirer un minimum ? J’ai rarement eu autant la sensation d’être devant un film aussi peu inspiré, réalisé avec aussi peu d’intérêt pour le produit à part simplement bêtement copier ce qui à été fait auparavant. Pas une seule fois Bassett ne nous imposera sa vision ou sa passion pour l’univers se contentant de transformer le tout en bête slasher pour ados. Les jump scares à la con sont présents, les gourdasses blondes façon chair à canon répondent à l’appel et surtout le sang gicle, les membres volent en morceaux et ça bah… c’est de la merde ? Dans le précédent film nous avions bien une jolie séquence d’écorchage mais rien de plus.
Le pire étant qu’on se retrouve devant un film laid, sans une once de beauté dans ses décors peu mis en valeurs à cause de plans totalement plats et inintéressants, ne cherchant même pas à semer le trouble chez le spectateur. Jamais de plongée ou de contre-plongée, pas de grandes envolées. Pire encore, Bassett se permet d’aller recycler des images du premier film pour combler les trous, finissant de nous cracher à la gueule avec le sourire. Peut-être cela était-ce dû au budget amputé de 20 millions de dollars face au premier film mais il y a des limites à l’arnaque. D’ailleurs parlons des personnages, si importants dans le déroulement d’un épisode de Silent Hill. Le réal nous montre ici dans toute sa splendeur comment on peut se retrouver avec un casting trois étoiles et pourtant laisser tout le monde jouer comme dans un mauvais porno. Ou alors cela venait des dialogues miséreux ? Quoi qu’il en soit on peut pleurer devant ce gâchis, certains personnages n’apparaissant que l’espace de trois minutes à l’écran.
Bref Silent Hill Revelation est misérable, une véritable honte quand on voit le travail et le respect qui avait été apporté dans le précédent volet. Raccourci à un bête format d’une heure-trente, le film ne démarre jamais et on se fait chier, en se cachant derrière ses mains tellement le résultat est effarant. Tout est y tourné en dérision, c’est d’un ridicule à toute épreuve. Précisons d’ailleurs que les effets 3D sont absolument inutiles malgré la surprise au départ lorsque les cendres de la ville vous entourent dans la salle. Ecrit avec la bite, sombrant dans les pires clichés du cinéma d’horreur et ne faisant jamais le moindre effort, Bassett nous plonge dans un cauchemar du cinéma, celui ou l’on se rend compte que tout n’est qu’une histoire de pognon et que la passion disparaît. Certains fans y voient pourtant un meilleur film que celui de Gans, de part son nombre de références aux jeux. C’est aussi con que de dire d’un jeu qu’il est bon parce qu’il contient tous les personnages connus du jeu-vidéo, mais bon, si certains sont conquis continuons comme ça. Il est dors et déjà temps de laisser Silent Hill aux oubliettes pour le cinéma, à moins qu’on veuille continuer à se faire prendre pour des cons.