À demi-voix !

Vingt ans après son dernier film américain, John Woo repointe le bout de son nez avec une série B à petit budget (20-30M) : Silent Night.
J'avais en même temps très hâte, mais aussi surtout très peur. Hâte de le voir s'emparer d'un concept ambitieux et adapté à son cinéma, à savoir un film d'action presque sans dialogues. Peur de ne pas retrouver le John Woo que j'aime, un John Woo qui serait tombé dans la simple surenchère bourrine comme pourrais l'être un John Wick (bien que jouissif).

Car on oublie trop souvent que son cinéma autant qu'il excelle dans l'action , c'est aussi et surtout de la sensibilité. Un romantisme exacerbé, des héros qui se laissent submergé par des valeurs et des émotions le temps d'un échange de coup de feu...

C'est donc avec soulagement et agréable surprise que j'ai découvert ce Silent Night. Oui ça n'effleure pas ses grands films, mais on est face selon moi à un bon film, une très bonne série B qui n'a pas à rougir face à d'autres productions du même type et plus coûteuse.
On retrouve son sens du drame extrêmement premier degré, et Woo nous met directement en empathie avec son personnage principal et ce qu'il vit. Grâce à des scènes teinté d'onirisme, frôlant presque le ridicule et le larmoyant, mais finalement riche en émotions où nôtre héro se remémore le passé avec son fils et qui constituera sa source de motivation. Pleins de bonnes et de belles idées, par exemple un raccord mouvement entre une larme et une douille qui tombe. Et l'interprète Joel Kinnaman, prouve qu'il sait mieux jouer quand il n'a pas de dialogue à réciter.

En somme Woo réussi plutôt bien l'exercice de raconter toute son histoire par l'image et le son, sans que le manque de dialogue ne se fasse ressentir, au contraire cette absence devient très vite naturelle. Aidé par la musique omniprésente qui viens appuyer le tout, sauf quand les coups de feu ne viennent former leur propre partition. Quand je parlais de moments un peu ridicule, oui il y a ce training montage un peu nanardesque par moment.
Enfin passons au coeur du sujet ! Oui les séquences d'action envoient (plutôt) pleins les mirettes, excepté la scène d'introduction qui fait un peu peur. Un découpage fluide et lisible, un goût affirmé par instant pour la pyrotechnie... Avec malheureusement quelques effets numériques parasites parfois. Oui, la photographie est tantôt laide, tantôt plutôt jolie.

Là où Woo filmait en plan séquence la progression de ses héros dans les couloirs d'un hôpital (A toute épreuve), aujourd'hui il le filme progressant dans les escaliers d'étages en étages. Malgré une mode assez opportuniste qu'est aujourd'hui le plan séquence, dans Silent Night le plan séquence s'inclus naturellement et sans en faire trop. Surtout on retrouve ces gunfights où comme toujours il n'est pas rare que le film s'arrête l'espace d'un instant, laissant le temps au héro d'une émotion passagère.

Là où l'on peut regretter certaines choses c'est le personnage du flic effacé, et la relation avec le héro qui est inexistante. Le comble pour un John Woo où amis se battent pour force, honneur et amitié. En résulte malgré tout, une série B osée, parfois too much.