Numb and dumber
L’idée pouvait sembler séduisante sur le papier : John Woo faisant son retour dans un film entièrement dédié à l’action au point de se passer de tout dialogues. Après tout, la puissance visuelle de...
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L’idée pouvait sembler séduisante sur le papier : John Woo faisant son retour dans un film entièrement dédié à l’action au point de se passer de tout dialogues. Après tout, la puissance visuelle de son cinéma a toujours préféré la dynamique aux échanges verbaux. Le concept, pour farfelu qu’il soit - notre héros à qui on tire dans la gorge se retrouve muet, mais avec une haine revancharde décuplée – peut, après L’île nue, Le Bal ou Le Dernier Combat, offrir une version tatanes de la communication non verbale assez fun.
Hélas, la carrière de John Woo est bien terminée. 6 ans après le triste désastre Manhunt, le réalisateur iconique des années 90 nous offre un DTV de dernière zone. L’écriture, d’une paresse totale, semble surtout prendre le concept comme un bon moyen d’assumer les invariants du film de vengeance, où les situations sont à ce point archétypales qu’elles ne nécessitent effectivement aucune explication verbale. Et pourtant : passée la séquence d’ouverture, le spectateur devra se farcir 25 interminables minutes de chialades et de flashbacks dans une resucée encore plus lourde que le déjà poussif trauma de Volte/Face, avant l’entrainement de circonstance, Mr Vengeance ayant écrit sur son calendrier Kill them all pour Noël prochain.
Le concept du silence imposé, dénué de toute inspiration, occasionne des séquences stupides (échange par SMS avec l’épouse, quelques paroles en sourdines) et ajoute à l’ineptie d’un projet de toute façon sur les rails d’un récit en pilotage automatique. Fauché, sans âme, visuellement dégueulasse – on a le droit à la version promo du sang numérique, incarné par un NPC, Silent Night ne compense même pas avec les scènes d’action, lentes et mal chorégraphiées, et qui passent leur temps à prouver à quel point l’équipe derrière John Wick a décidemment du talent.
On reconnaitra la capacité du récit à réserver ses dernières cartouches pour le grand final en ce qui concerne l’ignominie. Passons sur la morale douteuse justifiant à chaque instant qu’on leste de plomb tous ces méchants, y compris la droguée passant de victime à sadique à abattre, et l’espace final où le méchant latino tatoué attend devant son mur de cranes (parce que pourquoi pas), revêtu d’un manteau du père Noël. Non, le bouquet final est ailleurs, dans cette splendide séquence où le visage de l’enfant apparait dans les boules dorées, enfin vengé, tout sourire face à l’hécatombe, égrenant ces petits moments de la vie tels que les pubs Herta savent nous les vendre. A ce stade, toutes les justifications du meurtre de masse sont effectivement formulées.
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le 29 déc. 2023
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