"L'étoffe des héros" westerniens !

Pan ! (en ciblant ton attention, lecteur/trice !).
Kasdan en casse-dalle cinématographico-westernien, ça ne mange pas de pain !
En renouant avec un genre a priori démodé, ce metteur en scène a eu bien raison de miser sur l'élan que son film se devait de susciter parmi les inconditionnels de la mythologie westernienne.
J'en suis !
Difficile de ne pas aimer "Silverado", film flamboyant qui magnifie l'Ouest, le vrai, à travers une palette de teintes beiges, ocres, orangées, marrons. Lawrence Kasdan, revendiquant à l'évidence autant l'héritage de John Ford que celui de Sergio Leone, revisite, en fait, le mythe en faisant rimer fidélité et modernité. On retrouve tous les thèmes (poncifs, vont re-dégainer les allergiques !) qui ont fait du Western l'aventure épique par excellence.
De quoi se délecter avec cet inventaire : l'amitié éperonnée à la testostérone ; les chevauchées dans de grandioses espaces naturels, sauvages ; les bivouacs avec couacs de confort à la belle étoile ; l'esprit pionnier concrétisé par une longue file de charriots bâchés ; l'ambiance d'un saloon déréglée par un brutal règlement de comptes... Et aussi un promis à la potence qui réussit à s'évader sur la corde raide, la nuit juste avant ; un gros propriétaire-éleveur qui veut mettre à sa botte la ville entière ; un shérif corrompu qui croit à son bonne étoile de cupidité. Et le meilleur pour la fin : le duel façon tragédie antique qui fait s'affronter deux ennemis jurés dans une rue déserte, écrasée de soleil.
Univers très codifié, donc, où évoluent les personnages dont les trajectoires s'entrecroisent pour mieux leur faire partager une destinée commune, mais peu banale. Ils sont 4, tels les Mousquetaires, et ils ont incontestablement "l'étoffe des héros". Pas au sens moral, car ils tuent à tout-va ! S'ils sont perçus comme les "bons" contre des "méchants", c'est qu'eux obéissent au fameux code d'honneur qui est l'essence même de la mythologie du Far West. On se range donc au côté d'Emmett, Jack, Paden et Mal (Noir = Racisme). Chacun aura une bonne raison de se rendre à Silverado... Et aussi une autre bonne raison de quitter cette ville sans regret.
Attelés (!) au service d'une oeuvre personnelle toute en cultivant une nostalgie très riche de clichés, 4 acteurs pas factices et complices : Scott Glenn, Kevin Costner, Kevin Kline et Danny Glover... plus Linda Hunt, grande comédienne de petite taille !
Silverado : nom trop proche d'Eldorado pour ne pas y voir un clin d'oeil à la richesse hollywoodienne. Mais il y a aussi un humour débridé à la Sergio Leone : Emmett semblant tirer en vain sur des cactus, alors qu'en fait ce sont juste les quasi-invisibles piquants qui se désintègrent sous ses balles de tireur hors pair !
Clint Eastwood a dû en manger son poncho d'"homme sans nom" !