Mary Lambert apporte à Pet Sematary ce que l’on attend d’une œuvre horrifique, à savoir un sens du cadre, une mise en mouvements permanente de la caméra qui donne l’impression qu’elle flotte dans les airs, un soin apporté à l’atmosphère crépusculaire ; en cela, elle réussit l’adaptation du roman de même nom signé Stephen King – qui apparaît d’ailleurs en prêtre lors des funérailles – et ne recule pas devant sa violence, qu’elle incarne à l’écran avec audace et ingéniosité. Notons quelques trouvailles en matière d’épouvante plutôt réjouissantes, notamment un gore inattendu appliqué aux enfants et à la famille.
Le film se distingue ainsi du tout-venant des productions d’horreur de l’époque par sa radicalité, offrant une clausule mémorable qui punit le personnage principal, avatar de Prométhée qui par trois fois tente de rivaliser avec Dieu – ou toute autre instance de Création. Nous ressentons bien la détresse intérieure d’un père qui trouve dans le surnaturel un moyen provisoire et dangereux de remédier à son malheur ; le déni et la transgression des lois de la nature apparaissent aussitôt comme des actions égoïstes qui, au-delà d’insister sur le désarroi profond de l’homme, prive les défunts de leur repos éternel. Les ombres qui reviennent sont des monstres cruels qui ne conservent des personnes disparues que leur enveloppe physique et quelques traits significatifs : le rire d’enfant, le charme de l’épouse ; dans les deux cas, il s’agit de leurres pour mieux tromper les vivants et les emporter avec eux.
La musique que compose Elliot Goldenthal achève de faire du long métrage un cauchemar éveillé des plus mémorables, que desservent une lourdeur d’exécution, des dialogues trop didactiques et des apparitions spectrales parfois grotesques.