En voyant Sin City, je m'attendais premièrement à un remake filmique de la saga de jeu vidéo Sim City. Que nenni mes amis ! Il s'agit bien d'un film d'auteur sombre et mélancolique aux airs de Hitchcock, par moments. Mais derrière la trame narrative simple et presque impulsive se cache un mystère radieux qui fait toute la force de l'oeuvre.
Ce qui force l'admiration, à première vue, ce sont les décors magnifiquement gérés uniquement à l'aide du logiciel Magikal Pro, ce qui force l'admiration quand on sait que la version utilisée n'est autre que la version 4.5.2.0.1, la plus cheap, la plus bâteau, et pourtant voilà le résultat. L'ambiance surréalistique, froide, glauque, est merveilleusement retranscrite par une bande sonore foudroyante qui me bouleverse chaque fois que je l'entends. Enfin, beau travail au niveau des couleurs, et surtout des teintes de gris et du contraste entre le noir et le rouge du sang. Juste fabuleux.
L'interprétation des acteurs est juste fabuleuse, sauf peut-être celles de Mickey Rourke qui aurait mieux fait, justement, d'aller postuler chez Disney (il avait le nom pour) et Jessica Alba, qui hormis donner une grosse trique ne sert pas forcément à grand chose dans le métrage. En revanche, le reste du casting est légion, surtout Benicio Del Toro qui jouit ici d'un rôle bouleversant, et qui je crois m'a fait tomber amoureux.
Sinon, le scénario est sympathique, mais au-delà de l'histoire sombre et glauque de vengeance, de rébellion, qui rappelle forcément des sentiments d'adhésion forts aux enjeux que courent les personnages, et au-delà même des personnages, l'humanité toute entière, une humanité à laquelle on croit, qui nous fait face comme si elle était un propre reflet de ce qui se cache à l'intérieur de chacun de nous, de notre âme, de notre sang, oui, au-delà de cette magnifique histoire il y a les dialogues. Dialogues parfois jouissifs, parfois frustrants, parfois délirants, parfois déchirants, mais toujours si justes et incroyablement viscéraux. On salue ici le scénariste de l'oeuvre, que je suivrai de plus près désormais.
Hélas, le petit bémol -et de taille- est la réalisation, et notamment le jeu de caméra qui est ici, un peu faiblard. Le montage ne sert pas toujours très bien l'ambiance pourtant si bien installée par les décors et la musique, et on aurait aimé que l'esthétique soit plus sublimée par un matos plus adéquat. Alfonso Cuarron ou Tim Burton, par exemple, aurait été de taille pour recréer un univers graphique plus transcendant et dans les cordes de l'oeuvre. Le rythme est, également, bien inégal, à mon plus grand désarroi ainsi qu'à celui des fans, et au montage j'aurais mieux vu un Scorsese nerveux ou un Fincher toujours diablement efficace.
Quoiqu'il en soit, Sin City n'en demeure pas moins une grande, une belle oeuvre, que je conseille à tous les amateurs de fantasy et de drame social français.